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une fois de plus a été submergé par la marée des faits imprévus. Aujourd’hui, dans presque tous les cas, — et sauf parfois lorsqu’il s’agit de ces canons des fantassins qui constituent l’artillerie de tranchée, — la nécessité de défiler, de masquer et d’abriter les pièces et d’assurer la possibilité, la sécurité et l’accès de leur ravitaillement a conduit à les placer quelque peu en arrière de la toute première ligne. En outre, l’immobilisation des fronts a permis l’établissement de centaines de milliers de kilomètres de fils téléphoniques, et c’est par téléphone que presque sans exception celui qui observe règle le tir et communique avec la batterie.

Cela a permis de rendre les choix des positions de batterie et des postes d’observation complètement indépendans, et sans que l’un se doive subordonner à l’autre.


On a longtemps discuté,— surtout entre troupiers, — la question de savoir si les observatoires d’artillerie devaient être très en avant ou pouvaient être relativement en arrière. En fait, la puissance de l’armement de l’infanterie ne nécessite pas un champ de tir étendu ; au contraire, le tir de l’artillerie demande des vues lointaines et étendues. D’une manière générale, les observatoires d’artillerie ne devront donc pas être placés comme les postes de guetteurs d’infanterie, mais si possible plus haut, le plus haut possible de façon à dominer la plus grande étendue de terrain. — Mais plus haut veut-il dire plus loin, plus en arrière ? Pas nécessairement. On a objecté pendant longtemps à l’établissement des observatoires d’artillerie très en avant que la difficulté du réglage est plus grande : il est certain qu’un observateur placé près de la batterie juge bien si un coup est à droite ou à gauche, tandis qu’un observateur près du but juge quelquefois à droite du but un coup en réalité à gauche par rapport à la batterie, et trop court un coup long par rapport à elle. Pour appuyer tout cela d’une démonstration, j’aurais besoin du secours du dessin, mais on voudra bien me croire sur parole ; et d’ailleurs, chacun peut facilement se convaincre de tout ceci en faisant un croquis. Quoi qu’il en soit, cette objection n’avait guère de valeur, car les observateurs avancés d’artillerie peuvent facilement rectifier leurs observations de façon à les rapporter à la batterie même ; c’est une petite éducation à faire. L’objection qui valait encore un peu du temps que chaque batterie ou groupe n’avait qu’un observateur, ne subsiste plus depuis que les observateurs se sont multipliés et conjugués de telle sorte que tout coup de