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du but dans la fourchette efficace minima, ainsi que je l’ai expliqué plus haut.

Pour cela, on observe les points de chute des projectiles, et on rectifie la hausse et la dérive du canon jusqu’à ce que ces points de chute tombent dans cette fourchette.

Il est donc essentiel, pour régler un tir, de l’observer, de voir les points de chute et le but, et c’est pour cela que les observations d’artillerie ont une telle importance.

L’observation des coups dans le réglage du tir n’est inutile que dans le cas où l’objectif a des dimensions telles que, une fois les élémens initiaux connus, les écarts probables et ceux de la hausse et de la dérive du moment soient certainement inférieurs à ces dimensions. Tel a été notamment le cas des tirs allemands à longue portée sur Dunkerque, ville ayant plusieurs kilomètres de diamètre. Si parfois, et surtout les premières fois, ces tirs ont été observés par des avions allemands volant à très grande hauteur, tel n’est plus le cas la plupart du temps.

Mais si les Allemands, au lieu, comme on dit vulgairement, de « taper dans le tas » sur la population pacifique d’une ville, se proposaient d’en atteindre des points déterminés d’importance militaire comme les fortifications, le tir tel qu’ils le réalisent serait inefficace, parce que non réglé. Ils sont assez bons artilleurs pour ne rien ignorer de ceci, et c’est ce qui rend systématiquement et volontairement barbares et inexpiables leurs bombardemens de ce genre.

Hormis donc pour un objectif à surface énorme aux distances éloignées (et il n’existe pas d’objectifs militaires dans ce cas) et pour un objectif à surface assez grande aux distances moyennes, le réglage du tir doit être exécuté et rectifié par l’observation et plus généralement par l’observation visuelle. Dans les règlemens d’artillerie d’avant-guerre, il était prévu que le commandant de batterie monterait, le cas échéant, sur une sorte d’échelle-observatoire pour régler à la voix le tir qu’il jugerait à la jumelle. On prévoyait aussi que bien plus rarement il devrait, pour observer, éloigner ses pièces au point de ne les plus tenir à portée de sa voix. En ce cas, il devait commander son tir, soit par un certain nombre d’hommes jalonnant le terrain et qui transmettraient de proche en proche les indications verbales, soit par des signaleurs dont les bras étrangement inclinés suivant le rythme d’un alphabet conventionnel, seraient un peu des succédanés en chair et en os du télégraphe des frères Chappe.

En fait, rien de tout cela n’a été et n’est appliqué, et le règlement