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l’objectif est encadré dans la fourchette de 200 mètres. Une nouvelle salve tirée juste entre les deux premières ne tombera pas en général exactement sur le but, et encadrera celui-ci dans la fourchette de 100 mètres. Ainsi, de proche en proche, ou, comme disent les mathématiciens, par approximations successives, on peut encadrer le but dans des fourchettes de plus en plus serrées.

Pour prendre un exemple, l’écart probable en portée du 75 à 6 000 mètres étant de 20 mètres environ, la règle énoncée ci-dessus veut dire qu’il n’y a plus pratiquement intérêt à changer la hausse lorsque le but est encadré entre deux hausses différant de 40 mètres. A ce moment, le réglage du tir peut être considéré comme terminé et il n’y a plus qu’à déchaîner le tonnerre des salves ou des rafales du tir d’efficacité.

A côté de la hausse du jour, ou, pour mieux dire, de la hausse du moment, il faut considérer aussi la dérive du moment, c’est-à-dire non plus la portée, mais la direction ou l’azimuth de la trajectoire corrigée de la quantité dont le vent la dévie à droite ou à gauche, Ces écarts de la dérive peuvent être très importans.

La détermination de la hausse et de la dérive du moment constitue donc le préliminaire essentiel de tout réglage de tir.


Deux groupes de méthodes s’offrent pour faire cette détermination : D’une part, on peut la faire en utilisant les observations météorologiques combinées avec le calcul ; ces observations sont faites aujourd’hui très ingénieusement dans les armées au moyen notamment de petits ballons pilotes dont on suit et détermine à la lunette la vitesse et la direction aux diverses altitudes et d’où se déduisent les caractéristiques correspondantes du vent. Cette méthode en quelque sorte indirecte a l’avantage d’être économique : le prix d’un seul coup de canon équivaut, à celui de plusieurs thermomètres, baromètres, ballons pilotes, etc. elle a l’avantage aussi d’être silencieuse et de ne donner aucune indication préalable à l’ennemi relative aux objectifs sur lesquels on va tirer. En revanche, elle a l’inconvénient de faire intervenir des formules théoriques forcément approximatives et plus ou moins inadéquates, dans leur rigidité mathématique, à la souple et capricieuse fluidité des phénomènes atmosphériques ; en outre, les données qu’on introduit dans ces formules sont forcément incomplètes et approximatives.

L’autre catégorie de méthodes auxquelles on peut avoir recours