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RÉCEPTIONS ACADÉMIQUES

RÉCEPTION DE M. ALFRED CAPUS

La salle était comble. Au fond de la cuve circulaire qui en forme le centre, le maréchal Joffre était assis ; il était entré au milieu des acclamations ; les cinq étoiles faisaient une constellation sur la manche du dolman ; il avait une main gantée de daim brun. Il était un peu penché, l’air attentif, son regard profond et clair fixé sur l’orateur. Son front de marbre tournait sous ses cheveux qui sont de la couleur du vermeil dédoré. La dure lumière qui tombe de la voûte dessinait ses sourcils touffus, son profil bien établi, et les plans solides de son visage.

De ce fond et de ce centre, le public refluait, couvrant les gradins de velours vert, jusqu’au haut des arcs. Les tribunes regorgeaient. Jusque dans le secteur de cercle réservé aux membres de l’Institut, la foule tassée déferlait jusqu’au bureau élevé où M. Donnay était assis entre M. de Régnier et M. Lamy. Plus loin, à gauche, sous la statue de Bossuet, M. Capus avait pris place, entre M. Bourget et M. Hanotaux. Devant lui, en contre-bas, le président de la République était venu siéger parmi ses collègues : une jaquette noire, une cravate sombre, un air pensif. Auprès de lui, M. Barrès. Près de M. Barrès, M. Bazin. Près de M. Bazin, M. Boutroux, merveilleusement sculpté par la pensée, hérissé, avec des yeux de mage. Sur un banc plus élevé, M. Bergson, la figure étonnée et attentive, la voûte ronde du crâne élevée au-dessus des sourcils en arc de cercle, le nez long, avec petits traits de moustache peints au-dessous. Un jeune officier en bleu horizon, M. Marcel Prévost, semble suivre encore un amphi