Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/452

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

diverses parties de ce front, comme entre les divers objectifs qui s’y peuvent proposer, comme aussi entre les contingens qui se le partagent. Sans entrer dans des détails dont l’indiscrétion n’irait pas sans inconvéniens, je peux dire d’une manière générale qu’il n’est pas à craindre que l’on perde de vue, de ce côté-ci, le double but qui s’impose à notre attention pour « hâter la décision : )) d’abord, détruire le plus possible la force organisée de l’adversaire par des combats incessans, par des actions violentes dont la modalité, au point de vue tactique, reste à déterminer suivant les circonstances ; ensuite, réoccuper le plus tôt possible les régions, si riches autrefois et aujourd’hui encore si utiles à l’Allemagne, de la Belgique et de la France du Nord, étant bien entendu que, par l’emploi « intensif » des appareils aériens que nous devrons en grande partie à nos industrieux et énergiques alliés, les Américains, nous paralyserons les voies et moyens de transport de l’ennemi là où nous n’aurons encore pu l’atteindre par les armes terrestres. Il est aisé de prévoir que, dans son évolution continue, cette guerre incline à donner à la maîtrise de l’air une capitale importance : « Préparons nos facultés » en conséquence, comme disait Kléber à Bonaparte.

Et si l’on s’étonnait que je ne dise rien, en finissant, de l’importance, de plus en plus grande aussi, de la maîtrise de la mer, je répondrais que c’est justement parce que j’espère que des événemens prochains se chargeront de la démonstration. Fixons nos yeux sur un point où se fait nécessairement la soudure de nos forces de terre et de nos forces de mer, un point où passe la charnière des deux fronts de l’Ouest et du Nord. C’est là, sans doute, que sera rompu enfin le charme dangereux qui tenait enchaînée l’énorme puissance navale des nations alliées.


Contre-Amiral DEGOUY.