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Je ne cite que pour mémoire au nombre des avantages de la constitution du « front Nord » l’établissement d’un blocus effectif (qu’il ne faut pas confondre avec le blocus rapproché), dont les résultats eussent été autrement rapides, que ceux du blocus au travers des neutres, parce que le premier, l’effectif, nous conférait d’une manière complète le droit de suite des cargaisons [1] ; parce qu’aussi nous aurions intercepté d’une manière continue les relations entre l’Allemagne et la grande presqu’île scandinave : les minerais de fer et les fontes de Suède, pour ne citer que cet exemple, ne seraient pas arrivés jusqu’à Essen pour y être convertis en canons et en projectiles [2].

Enfin on me permettra d’ajouter que, dominant la mer du Nord et surtout la Baltique, au grand profit de notre prestige et de notre influence directe sur les royaumes du Nord, les flottes de l’Entente auraient eu tout le loisir d’étudier les points favorables à des opérations combinées éventuelles dans l’un des intervalles compris entre le mois d’avril et le mois de décembre de chaque année [3]. Berlin n’est pas plus loin de la mer que Paris.


Si maintenant, poussant jusqu’au fond de cette mer Baltique où les forces navales des Alliés de l’Ouest pourraient aller rejoindre l’escadre russe, nous examinons ce front de l’Est où commençait, il y a plus d’un an, une offensive qui avait donné tant d’espérances, nous sommes obligé de reconnaître que, fort utile pour la défense de la ligne de la Dwina et pour la reconquête de la Courlande, — un des nouveaux « greniers » de l’Allemagne, — la flotte ne saurait exercer une action immédiate efficace sur les opérations qui auraient pour théâtre le cœur de la Lithuanie, la Volhynie, la Galicie. Le « Sea Power » des puissances

  1. Voyez mon étude : » Le nouveau blocus, » dans le n° du 15 février 1916 de la Revue des Deux Mondes. Cet article a été traduit dans le n° d’août 1916 du Journal of the Royal United service Institution, organe du « War office. »
  2. On se rappelle que les sous-marins anglais et russes réussirent en 1915 à couler beaucoup de « cargos » allemands chargés de minerais.
  3. Voir encore dans la Revue des Deux Mondes du 15 octobre 1916, mon article sur les « opérations de débarquement, » qui a été reproduit aussi, en mai 1917 par le Journal of the R. U. Institution.