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LES
OFFENSIVES CONJUGUÉES

Il y a six semaines, comme conclusion à mon étude : « Où en sont les deux blocus ? » et après avoir observé que, même bloquée hermétiquement, l’Allemagne trouverait encore dans les contrées qu’elle a conquises et qu’elle exploite savamment, des ressources suffisantes pour « tenir » encore au moins dix-huit mois, je posais la question que tant de gens se posent : « Que faut-il donc faire de notre côté ? Rester sur la défensive ou, au contraire, faire sur tous les fronts, y compris le front Nord, les efforts les plus vigoureux pour disputer aux empires du Centre la libre disposition de ces territoires sur lesquels paraissent compter, comme ressource suprême, les profonds stratèges du grand Etat-major ? »

La réponse, déjà, ne me semblait pas douteuse, mais je prévoyais des objections, la révolution russe, la Grèce, l’infranchissable coupure des Dardanelles et l’obstacle, au moins moral, que nous oppose la neutralité danoise.

Il y en a d’autres dont je ne parlais point alors ; il y a surtout, on peut le dire maintenant que le fait, — d’ailleurs parfaitement connu de nos adversaires [1], — a été publiquement admis par des membres du gouvernement français, il y a qu’à la suite des événemens militaires du mois d’avril, bien mal interprétés, du reste, l’opinion a été chez nous mise en défiance contre les résultats d’une grande offensive, quels qu’en soient le théâtre, la portée, les moyens.

  1. Lire à ce sujet le remarquable article publié le 2 juillet par Lord Esher, pair d’Angleterre, dans le Matin.