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saluer poliment, en se découvrant, tous les officiers de l’armée allemande, ainsi que les fonctionnaires ayant rang d’officier.

M. le commandant de place a constaté que, malgré ces prescriptions, beaucoup d’hommes et principalement des jeunes gens ne saluent pas ou ne le font que d’une manière inconvenante.

En conséquence, pour lui éviter tout ennui, la population est invitée à se conformer strictement aux ordres rappelés ci-dessus.


Une autre affiche, conservée à la mairie, mentionne les noms des Français qui ont refusé de saluer les officiers allemands, et qui, pour ce fait, furent condamnés à la prison. Ainsi, dans cet abime de détresse, il restait aux âmes libres et fières la satisfaction de goûter en silence, selon l’expression d’un de nos plus éloquens moralistes, « l’âpre volupté qu’on éprouve à mépriser plus fort que soi. »

Il faudra conserver aussi, comme un document, cette autre affiche, qui est datée du 28 juillet 1915, et qui montre bien de quelle façon les Allemands comprennent la juste indemnité qui est due, même en temps de guerre et conformément à la convention de La Haye, pour toute « prestation en nature » et pour tout travail réquisitionné :


Toute la récolte (seigle, blé, avoine, orge) est réquisitionnée pour l’armée allemande.

Les cultivateurs et les propriétaires recevront de l’armée allemande, après la récolte, la part qu’elle jugera suffisante. Ils seront obligés, sans aucune rétribution, à aider à la récolte par ordre de l’administration allemande.

Il est sévèrement interdit de couper et de rentrer les récoltes sans que l’ordre leur en ait été donné ; ils seraient punis d’une amende jusqu’à cent marks ou de prison jusqu’à deux semaines, s’ils contrevenaient aux ordres de l’armée allemande.

La dernière notification de la Kommandantur aux habitans de Noyon était datée du 11 février 1917, et concernait plusieurs centaines de personnes qui eurent le malheur de recevoir un appel ainsi conçu :


Par ordre supérieur,

Étant capable de travailler, vous serez évacué dans le Nord. Vous devez vous présenter, le 12 février 1917, six heures du soir (heure allemande) au collège.