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AUX
RÉGIONS DÉVASTÉES

I
LES RUINES


Noyon.

Les Allemands ne sont plus à Noyon... Et la guerre assurément est entrée dans une phase nouvelle depuis que nous ne sommes plus au temps où, selon une formule célèbre, « ils étaient à Noyon ! » Mais la trace de leurs dévastations volontaires apparaît dès qu’on approche des faubourgs de cet antique chef-lieu d’un des plus riches diocèses de la Picardie. Les débris d’une usine gisent dans les champs ravagés, à gauche de la route qui vient de Compiègne. Une grosse cheminée de briques a sauté ; un de ses tronçons, pareil à un fragment de cylindre, a roulé sur le sol, au milieu d’un amoncellement de débris informes. A droite, on aperçoit, aux pentes des coteaux jadis fleuris et boisés, un château désert et les pelouses d’un parc déchirées en zigzag par des lignes de tranchées. La couleur fauve de la terre bouleversée ressort en larges balafres parmi la verdure de l’herbe rase... Sur ce paysage en deuil se dressent les deux tours de Notre-Dame de Noyon. L’église-forteresse des évêques comtes de Noyon et pairs de France domine encore de sa structure, imposante et fière comme le profil d’un donjon féodal, les vieux logis de la cité mérovingienne,