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de foi et de dévouement, son passé religieux, ses facultés d’adaptation à l’expérience, ses traditions. Alors on entrevoit la grandeur accumulée et le sérieux de la force que l’ennemi, refoulé et puis contenu par l’héroïsme français pendant les deux premières années de la guerre, a senti anxieusement monter contre lui, et qui se déploie tout entière aujourd’hui.


VOIX DU DIMANCHE

Sur la route d’Arras. De longues formalités de visa nous ont arrêtés à X, quartier général d’armée, où nous avions toujours passé trop vite. J’ai pu respirer un peu, par un dimanche de guerre et de Fête-Dieu, l’air de cette sombre petite cité recluse dans son bas-fond.

Les cloches de dix heures sonnaient la grand’messe. Impression curieuse, ambiguë. C’était bien le dimanche d’une vieille ville de province française, — et je retrouvais aussi l’atmosphère propre au Lord’s Day, en Angleterre, où le sentiment de paix dominicale se confond avec celui d’une discipline volontaire, — nationale et sociale autant que religieuse ; une discipline qui, depuis trois siècles, est un des grands partis pris de la civilisation anglaise.

De l’autre côté de la rue, on lisait ces mots :


Church of England

Sunday Services
Holy Communion : 7 h. 45
Parade Service : 10 h. 30

Evensong : 6 h. 30


Trois services, comme à Eton, comme à Oxford, comme sur les bateaux de guerre. Mais ici, celui de dix heures et demie seul est obligatoire, et seulement pour les anglicans, les dissidens ayant leur culte particulier. (Chacun, à l’armée, porte avec soi sa religion, — le nom de son Eglise inscrit avec le sien et celui de son régiment, sur son disque d’identité).

Survinrent deux soldats, au pas plus lent du dimanche, libres visiblement, mais sanglés, astiqués comme pour une revue, et qui s’arrêtèrent devant la notice. Un officier passa, pressé, dont l’épaule portait les trois étoiles d’un capitaine. Ils se raidirent pour le saluer magnifiquement. Il répondit par un