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paraissait supérieur à cent. » Le général d’Urbal. qui entendait faciliter à l’armée belge le retrait prévu, n’en voyait qu’un moyen : intensifier l’attaque au Sud de Dixmude ; le colonel Deville, à la tête d’élémens de la 42e glissant vers cette région, se rendait à Woestern, à la disposition du général de Mitry, dans la direction de Zuydscoote. Le reste continuait à organiser défensivement, dans la journée du 28, la voie ferrée, tandis que les marins de Ronarc’h repoussaient à Dixmude de nouveaux assauts. « La splendide attitude et la résistance des marins, écrit avec émotion un témoin, excitaient dans l’armée belge une généreuse émulation et, si réduite qu’elle fût par des pertes cruelles, celle-ci disputait, avec une nouvelle énergie, le terrain pied à pied. « A la 42e division, la 38e, naguère débarquée, venait par ailleurs s’ajouter et toutes deux, — avec la 89e division territoriale, — constituaient un magnifique corps, le 32e, placé sous les ordres de « l’Africain, » — comme vont l’appeler certaines dépêches, — ce général Humbert, l’homme de Mondement, bien digne de servir sous un d’Urbal, sous un Foch ; sa mission était tout à la fois de défendre le front attaqué et de pousser vivement la diversion au Sud-Est de Dixmude, dans la direction de Clerckem-Zaaren-Thourout.

L’eau s’avançait sournoisement, l’inondation recevant toutes ‘es douze heures un nouvel aliment. Le 28, à la fin de la journée, une légère couche d’eau continue s’étendait entre Nieuport et Ramscapelle et, au rapport du génie belge, passait par-dessus le pavé même du chemin de Ramscapelle ; tous les fossés débordaient d’une eau jaune, et des tranchées allemandes envahies on voyait sortir les ennemis effarés. De notre côté, on suivait avec une impatience inquiète la marche de l’inondation qui, écrit un témoin le 29 au soir, « s’étend bien lentement. »

Cette impatience s’expliquait : dans les journées du 28 et du 29, l’ennemi attaquait furieusement, les pieds dans l’eau et d’autant plus enragé. Le 28, ce fut surtout entre Pervyse et Dixmude ; il se heurta aux soldats de la 42e, à quelques élémens belges et aux marins, tandis que, sous cette couverture, les divisions belges se repliaient en bon ordre derrière la chaussée dont l’eau commençait à lécher le revers. On attendait la quatrième marée après laquelle l’inondation deviendrait sérieuse. Le 29, un brouillard épais enveloppait choses et gens : il favorisait l’ennemi qui, après une canonnade violente de dix heures à treize heures cinquante, attaqua en rangs serrés de Pervyse à