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à l’amiral, de Saint-Jacques-Capelle où il s’était porté, l’ordre de ne pas céder d’une semelle. « Il est du plus haut intérêt que l’occupation de la ligne du canal de l’Yser par les armées alliées soit maintenue coûte que coûte... Il y va de notre honneur d’aider les Belges dans cette tâche jusqu’à l’extrême limite de nos moyens. En conséquence, le camp de Dixmude doit être tenu par vous tant qu’il restera un fusilier marin vivant, quoi qu’il puisse arriver à votre droite... Si vous étiez trop pressés, vous vous enterrerez dans des tranchées. Si vous êtes tournés, vous ferez des tranchées du côté tourné. La seule hypothèse qui ne puisse être envisagée, c’est la retraite. » C’était prêcher, — dans un style superbe, — un converti : l’amiral était à son bord et voyait la tempête d’un œil fort calme.

Cependant, on essayait d’aveugler la voie d’eau de Tervaete. Sept batteries de 120 étaient installées à l’Ouest de la boucle pour soutenir la contre-attaque de Grossetti. Mais l’ennemi s’était fortifié dans Tervaete et la ligne de la rivière, du fait de cet accroc, paraissait décidément bien scabreuse à tenir par l’armée belge. Un aviateur signalait que onze ponts déjà avaient été jetés par l’ennemi entre Gepaert et Shoorbake. D’autre part le 25, les fusiliers de Dixmude cruellement malmenés par le canon demandaient des renforts ; on envoya à Dixmude deux bataillons sénégalais. Enfin, on rappela du Nord tout ce qui restait de la 42e division qui, évacuant Lombartzyde et ne laissant à Nieuport que trois bataillons nécessaires pour maintenir la protection des écluses (nous allons voir quelle importance elles prenaient) assumait la défense dans le secteur de Ramscapelle, — du canal de Nieuport au canal de Shoorbake, — pour que tout au moins la chaussée du chemin de fer fût garantie contre toute surprise, notamment à Pervyse.

C’est que cette chaussée du chemin de fer de Nieuport à Dixmude apparaissait comme la suprême ressource ; on envisageait la perspective d’y faire replier les forces alliées ; l’armée belge très éprouvée, n’ayant plus une unité constituée et commençant à manquer de munitions, semblait tout à fait ébranlée, son état-major délibérait d’ordonner une retraite. Même si les élémens français ne s’y associaient pas. Mais comment défendre la ligne de l’Yser maintenant crevée et qui ne tenait bon qu’à ses deux extrémités ? La 42e division, malgré sa vaillance, n’y pouvait suffire.