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lignes. Miracle, non ; mais résultat de la force de résistance des armées alliées, servie par la souplesse du commandement et l’entente des grands chefs.


VII — LA BATAILLE DE L’YSER — LA LUTTE POUR LA RIVIÈRE

Il est peu douteux que, le 20, le principal objectif ne fut pour les Allemands le passage de l’Yser : d’une part, si légers que fussent autour d’Ypres les mouvemens de terrain, ils suffisaient à rendre cette ville moins abordable que Furnes ; d’autre part, avec l’outrecuidant mépris qui si souvent devait préparer leurs déconvenues, les Allemands tenaient pour « inexistante » l’armée belge et hésitaient à croire qu’elle pût être secourue à temps par des forces françaises sérieuses. La ligne droite étant d’ailleurs le plus court chemin d’un point à un autre, il était logique que, visant en ces premiers jours Dunkerque plus encore que Calais, ils tentassent avant tout de passer entre Nieuport et Dixmude, quitte à élargir ensuite leur action ou, si elle échouait à la reporter sur le saillant d’Ypres.

A la vérité, un facteur imprévu, dès l’abord, les assombrissait, gênant leur épaule droite : les bateaux. « Feu sérieux de onze bateaux ennemis, » télégraphiera non sans souci un des grands chefs allemands. Puis ce fut Grossetti.

La 42e division, dès le 21, était à pied d’œuvre entre la mer et Nieuport. C’est de là qu’elle devait partir pour exécuter la partie de l’offensive qui lui était confiée.

Dans la nuit du 22 au 23, en effet, le général d’Urbal, d’accord avec le général Foch, ordonnait l’offensive générale sur tout le front de l’Yser : le général de Mitry, à droite, commandant le 2e corps de cavalerie et les divisions territoriales, attaquerait entre le canal et la forêt d’Houthulst et empêcherait ainsi l’ennemi de franchir l’Yser entre Bixschoote et Dixmude ; l’amiral Ronarc’h continuerait devant Dixmude k tenir le débouché pour permettre ultérieurement à l’offensive sur Thourout de se déclencher, tandis que la 42e division attaquerait sur Slype entre Lombaertzyde et Ghistelles.

Lombartzyde ayant été, le 22, réoccupé, la 42e division Grossetti avait, le 23, passé tout entière l’estuaire de l’Yser, appuyée par la flotte alliée. Un Belge décrit le passage de l’Yser par les soldats français au milieu des marmites, « se lançant