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Mais si cette pensée offensive ne devait pas cesser d’inspirer les opérations et ceux qui à tous les degrés les dirigeaient, le plan allait se trouver dès l’abord contrarié par l’état d’épuisement trop explicable où se trouvait, nous l’avons vu, l’armée belge. Celle-ci déclarait ne pouvoir participer qu’à une tâche défensive et la nécessité de l’étayer allait, dès les premiers jours, détourner les troupes du général d’Urbal de leur mission offensive ; à quoi eût-il servi de s’avancer vers Thourout et Roulers si, au Nord de Dixmude, l’Allemand était parvenu à forcer la barrière ? Par ailleurs, avant que les trois corps français qui allaient successivement venir grossir le détachement d’armée de Belgique fussent débarqués au Nord de la Lys, les Anglais allaient se heurter à des forces si importantes entre Ypres et Menin, que les aider à en soutenir l’assaut et à le briser paraîtra déjà victorieuse besogne.


VII. — LES DISPOSITIFS ET LES FORCES

Le 21, la situation était la suivante.

L’armée anglaise occupait la droite du dispositif allié : prolongeant au Sud de la Lys, par son 2e corps, l’armée Maud’huy, elle était, par son 3e corps, à cheval sur la rivière et occupait, par son 1er corps (Haig), l’Est d’Ypres, la gauche de ce corps étant couverte par la 7e division Rawlinson entre Langemark et l’Yser (cette 7e division étant souvent dénommée « 4e corps » par les ordres du maréchal) : le 1er corps de cavalerie (de Mitry), refoulé à l’Ouest de la forêt d’Houthulst, avait rejoint, vers le coude de l’Yser, les 87e et 89e divisions territoriales qui bordaient le canal jusqu’auprès de Dixmude. C’était la région où le 9e corps français (général Dubois) et la 31e division allaient prendre place, en attendant que vinssent y opérer les différens corps français qui allaient débarquer entre le 25 octobre et le 5 novembre. A Dixmude, point de liaison entre cette armée française d’entre Ypres et l’Yser et l’armée belge, se trouvait, on se le rappelle, la brigade de fusiliers marins Ronarc’h avec la brigade belge Meiser. De Dixmude jusqu’aux environs de Nieuport, les six divisions belges, — 4 en première, 2 en deuxième ligne, — tenaient l’Yser canalisé, fortes totalement d’environ 40 000 fusils à cette date du 21, mais qui, avant huit jours, seront réduites de moitié. Enfin, au Nord, la 42e division du