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forces imprévues, on devait n’être fixé que quelques jours après. C’étaient des corps de constitution récente portant les n° XXII, XXIII, XXVI et XXVII : formés d’engagés, de volontaires d’un an et de landwehriens encadrés d’officiers déjà aguerris, ils avaient été, deux mois, instruits et entraînés dans le fond de l’Allemagne en grand mystère ; ils étaient brusquement jetés sur la Flandre où ils venaient, nous le verrons, avec leurs 120 000 hommes, presque doubler la force allemande.

Pour le moment, on avait simplement l’impression, pour se servir d’un terme employé par bien des chefs qu’un gros nuage noir, aux imprécises limites et à l’épaisseur inconnue, se formait dans notre ciel et que tous les jours se confirmait la résolution des Allemands de passer coûte que coûte, dans le dessein que l’on sait, entre la mer du Nord et la Lys, sur le corps des Anglais et des Belges.

De nouvelles mesures s’imposaient au haut commandement français devant une situation que cette intervention de corps nouveaux aggravait singulièrement.


VI. — UNE ARMÉE FRANÇAISE DE BELGIQUE

Les Belges n’avaient aucune réserve et les Anglais ne comptaient point recevoir, avant des semaines, les renforts que lord Kitchener forgeait au corps expéditionnaire. Le général de Maud’huy qui se battait en Artois pouvait, à la vérité, fortement étayer le 2e corps anglais, mais avait trop à faire sur son front de bataille pour espérer intervenir plus au Nord. Le haut commandement français songeait donc à former une armée importante en Belgique. Relevant sur les différens fronts de nouvelles forces, il les expédierait au Nord de la Lys : unies aux forces françaises éparses et un peu hétérogènes qui se trouvaient déjà en Flandre, elles constitueraient cette armée. Dès le 20 octobre, on savait qu’outre la 42e division qui venait de débarquer à Dunkerque, le général en chef mettait dès ce jour à la disposition du général Foch la 31e division d’infanterie, ainsi que la 9e division de cavalerie ; d’autres forces suivraient ; le 9e corps d’armée d’abord qui, sous le commandement du général Dubois, allait, le 21, commencer ses débarquemens dans la région Doullens-Saint-Pol et les aurait achevés le 24 ; puis on verra le 16e corps d’armée, le 32e corps d’armée (reconstitué