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V. — LES ANGLAIS AU SUD D’YPRES

Il faut, pour l’intelligence du récit, quitter un instant les rives de l’Yser et descendre plus au Sud où l’armée anglaise, qui vient de terminer enfin ses débarquemens, va, de son côté, s’engager, car la création d’une armée française de Belgique se trouvait justifiée par les événemens du Sud autant que par ceux du Nord. Et d’ailleurs, les deux actions, — celle du Nord et celle du Sud, — resteront constamment liées et il importe de ne pas les séparer un moment.

Tandis que la bataille engagée de l’Oise à la Lys faisait rage, courageusement menée par les soldats de Castelnau et de Maud’huy, le maréchal French, installé à Saint-Omer, achevait d’asseoir son armée dans le Nord de l’Artois et le Sud des Flandres, à la gauche de Maud’huy et sous le couvert de nos corps de cavalerie.

Le 12 octobre, l’armée anglaise avait fait sentir son action au Sud de la Lys : son 2e corps, qui avait atteint Cambrin-Lagorgue, avait pu, par sa brigade de droite, appuyer une contre-attaque de nos troupes sur Vermelles, au Sud de la Bassée. Son 3e corps était arrivé au Nord-Ouest d’Hazebrouck et sa cavalerie avait occupé le Mont des Cats, la route de Cassel à Armentières et celle de Cassel à Ypres. Le haut commandement français espérait que, dès le 13, une offensive pourrait être entreprise par nos troupes sur Lille, récemment tombé aux mains de l’ennemi, et Tournai ensuite, tandis que les corps britanniques attaqueraient dans la direction de Courtrai, — ce qui eût reporté la bataille bien à l’Est de la ligne Ypres-Lille. Mais le commandement britannique, manifestement, préférait ne point porter de grands coups avant que les forces anglaises fussent groupées dans le Nord ; or il n’attendait point avant le 20 l’installation sur sa ligne de bataille de son 1er corps et de la division hindoue de Lahore. Le 14, le gros des forces alliées n’atteignait au Nord de la Lys que le front Ypres-Messines-Neuve Église-Merville ; le 16, il s’étendait à la ligne Paschendaele-Zoonebeke-Messines, — abords d’Armentières. A l’Est d’Armentières, les forces allemandes, — élémens des XIIe et XIXe corps d’armée que précédait une nombreuse cavalerie, fermaient la route de Menin. Le maréchal attendait que son 1er corps, en train de