Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/263

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un excellent effet moral » sur l’armée belge. Le Roi parcourait toutes les divisions, u leur rappelant que l’armée belge disputait le dernier lambeau du territoire national et affirmant qu’elle devait mourir plutôt que de céder. » Il était accueilli avec enthousiasme. La défense s’organisait : en première ligne, du Nord au Sud, les 2e, 1er et 4e divisions occupaient la rivière de Lombartzyde à Dixmude, les 3e, 5e et 6e étant en deuxième ligne, cette dernière en liaison au Sud de Dixmude avec la 89e division territoriale française et la cavalerie de Mitry opérant entre Dixmude et Roulers.

L’ennemi, cependant, approchait : si le sérieux bombardement qui, le 18, au matin, se déchaînait sur le front de l’Yser, n’eût pas suffi à l’annoncer, les incendies qui, toute la nuit du 17 au 18, avaient illuminé le ciel, — Hoograde, Vladloo et autres villages étaient en flammes, — indiquaient que les hordes du duc Albrecht de Wurtemberg se déchaînaient. Un prisonnier fait le 17 affirmait que ses compatriotes étaient résolus à forcer à tout prix la ligne de l’Yser. L’ordre courait de Nieuport à Dixmude à travers l’armée frémissante : « Tenir. » Mais si, de Nieuport à Shoorbake et, au Sud, de Klosterhoek à Dixmude, la rivière se prêtait à une défense aisée, la boucle faite par elle en face de Keyem, de Shoorbake à Tervaete, était au contraire difficile à tenir : c’était le souci dès le 17, ce sera le défaut bientôt.

Le 18, l’ennemi attaquait à Lombartzyde en face de Nieuport et, au Sud, devant Dixmude, tandis qu’un assaut concentrique se produisait sur la fameuse boucle : l’ennemi s’installait à Keyem. Au Nord, le combat continua le 19 et le 20 : au claquement du 77 se mêlait le formidable concert des pièces lourdes allemandes maintenant en batterie : on dut abandonner Lombaertzyde, défense avancée de Nieuport. C’est cependant à Dixmude que l’ennemi attaquait le plus violemment : la brigade belge du général Meiser y avait rejoint l’amiral ainsi que quelques goumiers marocains. Le 19, l’ennemi enlevait Beerst, défense avancée de Dixmude, aux Belges : les marins reprirent à midi le village, mais durent, en fin de journée, céder devant des forces supérieures. Le lendemain 20, l’assaut était donné aux abords de Dixmude : la ville, qui est sur la rive droite, est une tête de pont et déjà devenait un redan : la fureur de l’attaque s’explique par là suffisamment et celle des vingt autres assauts qui, vingt jours, allaient venir se briser