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française, — ce sera, on le sait, la 42e, — pût être amenée par Dunkerque dans la région de Nieuport.

Le roi Albert, qui venait d’avoir, le 16, la plus émouvante entrevue avec le général Foch, donnait à son armée « ordre de rester sur la ligne de l’Yser et de s’y défendre avec la dernière énergie. » Les chefs avaient compris que « la Belgique jouait son existence. » Quant aux soldats belges, on n’avait qu’à leur demander de tenir bon : on n’entendit pas un murmure ; ils sont les petits-fils des piquiers de Courtrai, et le Roi, comme jadis le grand Flamand Arteweld, leur avait dit : « Notre honneur national est engagé. »

Par ailleurs, on annonçait à la même heure « l’envoi dans le Nord d’une nouvelle division » dès que les transports anglais n’encombreraient plus le réseau. En outre, l’ambassade anglaise, saisie le 15 de la requête qu’on sait, avisait, le 17, le général en chef que « trois monitors, portant chacun deux canons de six pouces et deux de sept, seraient à Dunkerque dans la matinée du 17 pour couvrir l’aile gauche des armées alliées. » Enfin, la brigade Ronarc’h qui, pas un instant, n’avait, depuis Gand, séparé sa fortune de celle de l’armée en retraite, était venue s’arrêter à Dixmude où l’amiral avait trouvé les instructions de Foch : « Vous ne devez songer à évacuer la position que sur un ordre formel de vos supérieurs à la suite de l’enlèvement de toute la position. » Ce solide Breton était, on le sait, homme à l’entendre.

Ainsi l’armée belge était-elle, le 16, assurée d’être soutenue à ses deux ailes.

C’est qu’il était « essentiel de rendre inviolable » la ligne de l’Yser, — moins encore pour la sécurité de Dunkerque (où, dès le 15, le général en chef avait pris soin de prescrire qu’on laissât toute la belle garnison) que pour la protection, contre une désastreuse surprise, du flanc gauche de l’armée anglaise qui, en voie de débarquement, allait, nous le verrons, avoir, dès le 20, à combattre. On comprend donc toutes les précautions prises. L’armée belge, — courageusement, — commençait d’ailleurs l’organisation défensive de la ligne, le 17, n’étant inquiétée, ce jour-là, que « par une canonnade assez molle qui dura une heure environ. » Les Allemands semblaient se concentrer vers Roulers et Menin ; une forte reconnaissance ennemie dirigée sur Dixmude avait été repoussée par nos marins. En outre, « l’arrivée d’une nombreuse cavalerie française avait produit