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flatter de l’idée que, dans une certaine mesure, ils couvraient de leurs corps la route de Londres.

Il avait été convenu que les trois corps britanniques seraient successivement transportés en Artois et dans la région d’Hazebrouck-Ypres. On pouvait espérer que l’armée alliée serait déployée jusqu’au Nord de la Lys assez tôt pour donner la main à l’armée belge en retraite. Et, de fait, celle-ci se trouvant, — on verra dans quelles conditions, — le 11 octobre, dans la région Ostende-Furnes et le 3e corps britannique atteignant, le 12, le Nord-Ouest de Hazebrouck, le 1er corps, celui qui, sous le général Haig, devait combattre à Ypres, roulait vers son futur champ de bataille où, à la vérité, il ne devait être en ligne que le 20, quand, déjà, tout prenait feu en Flandre. Ypres qui, le 10, au rapport d’un haut visiteur, « était gardé seulement par dix cyclistes, » avait été occupé par deux divisions territoriales, les 89e et 87e, qui, en attendant les Anglais, organisaient, dès le 15, une forte position défensive en avant de la ville, couvertes par le corps de cavalerie Mitry. L’armée belge, retraitant toujours, avait, le 12, atteint la ligne de l’Yser entre Nieuport et Dixmude où une brigade de fusiliers marins qui, nous dirons comment, avaient, depuis Gand, couvert la retraite, s’embossait, on sait pour quels exploits. Et le haut commandement, aussitôt finis les transports de l’armée anglaise, expédiait vers Dunkerque l’une de nos plus belles divisions, la 42e, qui, sur cette ligne de l’Yser, allait, aux côtés de l’armée belge, se couvrir de gloire sous les ordres du général Grossetti.

Ainsi, le 20, la ligne qui, quelques jours avant, était encore bien médiocrement tenue et presque inexistante de la Lys à la mer, semblait assurée d’une sérieuse défense, et déjà l’on pensait faire de cette ligne de défense un solide tremplin d’où s’élancer à la reconquête de la Belgique envahie. C’est en vue de celle offensive que l’État-major français songeait à grossir considérablement les forces françaises opérant, aux côtés de nos deux alliés, au Nord de la Lys. Le 9e corps d’armée y était acheminé, qui commencerait à débarquer le 21, et les troupes françaises qui allaient, au cours même des premières opérations, se grossir jusqu’à dépasser de beaucoup en Flandre les forces anglaises et belges réunies, seraient mises sous les ordres supérieurs du général d’Urbal, placé, dès le 20, à la tête du Détachement d’armée de Belgique, — bientôt la 8e armée,