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construction se créent, ou travaillent plus activement à Bilbao, Avilés, Barcelone, Séville et Cadix. Si les sous-marins allemands, favorisés par des collaborations mystérieuses, ne font pas de trop rudes brèches à cette flotte grandissante, le cabotage national peut arriver à éliminer le pavillon anglais ; il sera aidé par l’exportation croissante des minerais, de la houille, des primeurs et des fruits. Comme escale de transatlantiques, Gijon se dispute déjà avec la Corogne et Biibao.


LES CAPITAUX

Si sommaire qu’ait été cet exposé, il aura néanmoins montré les ressources matérielles importantes dont dispose l’Espagne et dont elle n’a qu’imparfaitement tiré parti. Pour accélérer sa mise en valeur, il faut deux élémens fécondans dont nous n’avons pas parlé : les capitaux et les hommes. Un voyage en Espagne permet à la fois d’apprécier les progrès récens du pays et de voir ce que ses ressources en hommes et en argent permettront d’y ajouter dans un avenir prochain ; il enseigne également (ce qui est le but plus particulier de cette étude) quelle peut être, dans ce développement, la part de la France.

L’Espagne était déjà, avant la guerre, beaucoup plus riche qu’on ne l’estime en général. La guerre a contribué grandement à l’enrichir. Les progrès de son change, la réintégration des valeurs espagnoles, auparavant domiciliées chez les belligérans, le prouvent assez. Mais il n’en résulte pourtant pas, jusqu’à nouvel ordre, que cet enrichissement se traduise par une aide directe apportée aux vastes besoins de l’Etat ou aux appels des Sociétés espagnoles. Les finances de l’Etat sont, si on les met en parallèle avec tous les travaux commencés ou projetés, moins florissantes que celles des particuliers. De nombreux individus ont pu être directement enrichis par les industries touchant à la guerre, ou du moins favorisés par la disparition de concurrens occupés à des opérations militaires. Tôt ou tard, la communauté en bénéficiera ; mais il faut du temps pour que cette infusion de sève nouvelle se répande dans toute la masse. En attendant, le peuple espagnol voit renchérissement généra) qu’entraîne la guerre, le manque de charbon, la disette de main-d’œuvre, la difficulté des transports et il gémit, comme pourraient le faire les belligérans, sur la longueur d’une lutte