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de sérier. En procédant ainsi par ordre, je crois qu’il faudrait attribuer le premier rang à l’amélioration des routes et des voies ferrées. Dans un pays où tant de choses sont admirables, il n’est pas de défectuosité qui frappe davantage un étranger et qui paralyse plus tous les autres rouages de. la machine que celle des moyens de communication.

La configuration du sol en est assurément la cause première. Elle a de graves inconvéniens qui frappent au premier examen d’une carte géographique. L’Espagne est une masse compacte, surélevée, malaisément pénétrable, aux fleuves rarement navigables et dans laquelle une série de cloisons intermédiaires, les Sierras, séparent l’une de l’autre des régions distinctes. L’unification du pays en a toujours souffert. Il en résulte, pour les chemins de fer, des profils en dent de scie qui rendent les efforts de traction coûteux et amènent à réduire exagérément la capacité des trains. Mais, dans un temps où la Suisse a pu devenir un carrefour de routes européennes, les montagnes ne sont plus un obstacle infranchissable. Il faut seulement, pour arriver à les traverser économiquement, de l’énergie, de la méthode, de la persévérance et de l’argent.

On ne saurait trop insister sur cette question des moyens de transport. Après le besoin de houille, la nécessité de bonnes routes et de voies ferrées bien coordonnées est la première qui s’impose à un pays pour devenir puissamment industriel. La houille ne se crée pas ; on ne peut que mieux utiliser ce qui existe ; les moyens de communication, eux, dépendent des hommes. Qu’il s’agisse de relier le producteur au consommateur, d’alimenter des industries locales, de développer des exportations, ils sont également indispensables. Pour les routes, je me bornerai à rappeler, parce qu’on l’oublie quelquefois, qu’après les avoir construites, il est indispensable de les entretenir. On en rencontre, par exception, d’excellentes dans les deux régions relativement autonomes des provinces basques et de la Catalogne, où elles coïncident avec un magnifique développement industriel. Ce que les administrations régionales ont fait là, le gouvernement central pourrait sans doute le réaliser ailleurs.

La question des voies ferrées est à la fois plus délicate, plus complexe et plus grave que celle des routes. Elle touche de très près à tous nos rapports commerciaux, à toutes les relations économiques de l’Europe avec l’Espagne. Quand, ignorant