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de trouver à proximité de sa frontière des usines en état de lui fournir des lingots, des machines ou du matériel. Plus tard, bien du temps se passera avant que nous ayons à craindre une concurrence des minerais ou des aciers espagnols. Nous allons devenir très gros producteurs de fer ; nous aurons assurément intérêt à en vendre à l’Espagne ; mais nous pourrons la voir sans jalousie tendre à se fournir elle-même ; car, dans le marché national que ses usines s’efforceront ainsi de reconquérir, nous n’avons encore occupé qu’une bien petite place.

Après le fer, je ne passerai pas en revue tous les autres métaux. Mais il en est trois d’inégale importance, pour lesquels l’Espagne tient, dans le monde, une place particulièrement importante : le cuivre, le plomb et le mercure. Dans deux autres cas, ceux du platine et de la potasse, il se pose, à son propos, des questions très actuelles. Si l’on veut préciser par des chiffres, sur environ 1 200 millions de capital investi dans les sociétés minières espagnoles, tandis que la houille et le lignite en absorbent seulement 150 et le fer 222, la part du cuivre est de 260, et celle du plomb de 219.

Pour le cuivre, l’Espagne vient loin en tête de la production européenne quand on envisage, non pas le traitement métallurgique où interviennent des minerais importés des autres continens, mais les résultats calculés de la production minière. Elle fournit, dans la province d’Huelva, 52 000 tonnes de cuivre, soit le double de la production allemande qui vient la seconde en Europe. Bien que les principales sociétés soient anglaises, des capitaux français y sont fortement intéressés.

L’Espagne est également le grand pays plombifère européen. Ici encore, elle vient immédiatement après les Etats-Unis, avec lesquels elle rivalise presque, et loin avant le pays suivant, l’Allemagne, dont la production métallurgique était, en outre, alimentée, pour près de la moitié, par des importations de minerais étrangers. Cette industrie du plomb espagnole, qui est montée de 190 000 tonnes en 1911, à 240 000 actuellement, tire une grande force de sa cohésion sous la direction de la société française de Peñarroya, qui a pu ainsi, dans la préparation économique de l’après-guerre destinée à affranchir le marché des métaux du joug allemand, jouer, pour le plomb, un rôle prédominant.

Pour le mercure, l’Espagne est encore plus favorisée. Son