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en Biscaye, dans les Asturies, autour de Madrid, dans la province de Valence. En résumé, on calcule que, dans les seules villes de Madrid, Barcelone, Bilbao et Valence, la houille blanche remplace déjà chaque année 250 000 tonnes de houille noire. La Catalogne, en particulier, présente le spectacle d’installations électriques admirablement développées. C’est l’ « énergie électrique de Catalogne, » avec son usine de Capdella fournissant 40 000 chevaux et celle de Molinos en construction qui en donnera 20000. Ce sont les « Riegos y fuerza del Ebro » dont les usines de Seros, Talarn, etc. arrivent, comme puissance installée, à 96 000 chevaux. C’est la (c Catalana de Gas y electricidad » avec ses 30 000 chevaux disponibles.

Une noble émulation excite les sociétés dont les capitaux sont parfois de nationalités adverses et, sur un terrain où les Allemands étalent volontiers leur prétendue supériorité, nous avons remporté récemment de belles victoires. Ainsi, à la veille de la guerre, l’ « énergie électrique de Catalogne » engageait la bataille contre une grande société allemande déjà installée dans le pays, en même temps que contre un puissant groupe canadien. Rapidément elle s’outillait, mettait sa première usine en marche et distançait ses rivaux.

Grâce à cette concurrence fructueuse pour l’Espagne, la Catalogne s’est remarquablement modernisée. Il y existe maintenant en majorité de ces usines propres et silencieuses, où la magicienne de notre temps apporte, le long de quelques minces fils suspendus en l’air, la force sans tumulte, sans poussière et sans épuisement humain. L’importance qu’ont prise et que prennent chaque jour davantage les filatures et tissages de laine ou de coton de Barcelone, Tarrasa, Sabadel, rappelle les principaux centres manufacturiers de l’Europe. En un temps de guerre où nos usines à laine nous manquent pour la plupart, nous sommes heureux de trouver une aide dans celles de ce pays.

Avant cette digression amenée par la houille blanche, nous avions été déjà amenés à parler du fer ; il faut y revenir, car le développement des usines de fer est un de ceux qui manifestent le mieux aujourd’hui la prospérité industrielle d’un pays.

En ce qui concerne les minerais de fer, l’Espagne offre de larges ressources, sans présenter pourtant rien de comparable à notre immense gisement lorrain. Elle a paru, jusqu’ici, particulièrement bien fournie en minerais riches et de qualité supérieure.