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défaut, ce charbon sans lequel il ne saurait y avoir de nation moderne réellement forte et adaptée aux luttes de la paix comme à celles de la guerre, je viens d’indiquer deux ressources : développer les Asturies ; mettre les charbonnages du centre en communication avec les ports par des transports de force électrique. C’est encore traiter le même sujet que d’indiquer ici comment se présente en Espagne la question de la houille blanche. Malgré la faiblesse des précipitations pluvieuses, l’Espagne est bien dotée à cet égard. La forme même de son relief, si incommode pour son unification pratique, y contribue. Non seulement elle possède tous les fleuves et torrens descendant de la chaîne pyrénéenne, mais le reste du pays est constitué dans son ensemble par le grand plateau élevé de la Meseta, que rehaussent encore de fortes ondulations. Les fleuves qui y prennent naissance et qui ont le temps d’y grossir, descendent par des pentes rapides vers les plaines. A la condition de les emmagasiner en prévision des périodes sèches, leurs forces sont prêtes à être captées. L’Espagne possède là, dans son large réseau fluviatile, une richesse qu’elle commence seulement à mettre en valeur, tant pour la transformer en énergie que pour l’utiliser à l’irrigation de ses champs.

Il est difficile d’évaluer la puissance hydraulique disponible en Espagne. On a pu avancer un peu hardiment un total de trois à quatre millions de chevaux, dont un million dans les Pyrénées. Ces gros chiffres sont toujours sujets à caution et exposés à fondre, dans la pratique, peut-être de moitié. Mais, quand on compare avec les calculs du même genre faits pour la France, on obtient un premier élément d’appréciation. Or, en France, on estime les réserves totales de houille blanche (puissance moyenne) à neuf millions de chevaux-vapeur. Une autre évaluation plus modeste donnerait seulement pour les réserves bien reconnues et aisément aménageables de l’Espagne un million et demi de chevaux. La proportion utilisée est déjà considérable, et s’accroît très rapidement. Rien que pour les grandes installations modernes et en laissant de côté toutes les petites usines, moulins, scieries, etc. on arrive dès à présent à environ 400 000 chevaux-vapeur installés, comparables avec les 500 000 que nous utilisons dans les Alpes. Le versant Sud des Pyrénées s’est couvert de vastes organisations dépassant souvent 20 000 chevaux, atteignant 40 et 50 000. D’autres non moins considérables se trouvent