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en travaux d’installation. Les projets grandioses de tous genres ne manquent pas, favorisés par la chaude imagination espagnole. Le gouvernement s’y intéresse activement et ses ingénieurs ont déjà entrepris des sondages pour rechercher le prolongement Nord du houiller dans le sens de la mer. Vers le Sud également, il est possible que le houiller existe en profondeur sous la plaine de Léon. L’avenir dira ce qu’il doit advenir des espérances actuelles. Mais, sans vouloir préjuger les découvertes, nous devons, comme voisins immédiats, envisager les conséquences qu’elles auraient pour l’Espagne et pour nous.

La position du bassin des Asturies, presque sur le golfe de Gascogne, au flanc Nord d’une chaîne accidentée qui sépare ses charbonnages de l’Espagne centrale, fait que l’avenir immédiat de ce pays dépend, en partie, de ses exportations en France. C’est en vue d’une opération semblable que les premières tentatives y eurent lieu à une époque où on n’envisageait pas comme praticable la jonction par voie ferrée avec la Castille. On acheta alors une flotte qui, seule, échappa, dit-on, au naufrage général de l’entreprise. Aujourd’hui où le réseau de chemins de fer existe, reliant les Asturies à Madrid et à Bilbao, c’est encore vers la mer que descendent les trois quarts des charbons, vers les trois ports de Gijon, Avilés et San Esteban de Pravia. Jusqu’ici, cependant, on n’a pas exporté en France. Avant la guerre, les charbons espagnols n’auraient pu lutter contre les charbons anglais, concurrencés par ceux de la Westphalie. Depuis la guerre, l’exportation du charbon espagnol est interdite. Mais, à la paix, il y aura, pour suppléer aux charbons allemands, une place à prendre sur notre réseau du Midi, et notre intérêt sera de voir les houilles des Asturies s’installer sur ce marché nouveau.

Envisager ainsi une exportation de charbons espagnols, alors que l’Epagne manque, nous l’avons dit, de houille, et probablement en manquera toujours, pourra sembler paradoxal, et je crois, en effet, que cette solution devra être provisoire. Mais, en industrie (pour ne pas chercher d’autre exemple), existe-t-il autre chose que du provisoire ? Actuellement, c’est un fait que l’Espagne, en général, a trop peu de charbon, et que les charbonnages de ce pays sont néanmoins forcés de restreindre leur production possible, faute de débouchés. La difficulté tient surtout à l’insuffisance des moyens de transport, qui sera