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valeur présumée par quelques phrases brèves, dépouillées des réserves nécessaires, imiter ces journalistes pressés qui nous annoncent chaque jour avec indignation l’existence de telle ou telle richesse minière méconnue sur le sol français. Ces charbonnages des Asturies ont une réputation assez médiocre parmi nos industriels ; et cette mauvaise réputation est en partie justifiée : couches minces, tourmentées, souvent redressées verticalement, cendreuses, ne donnant pas ou donnant rarement du charbon à coke ; renversemens de terrains encore mal compris ; moyens de transport difficiles arrêtant l’exportation vers l’intérieur de l’Espagne ; morcellement habituel des concessions espagnoles paralysant une mise en valeur extensive, toujours coûteuse, etc. etc. L’essor des charbonnages asturiens, depuis longtemps prévu, fréquemment annoncé, a été jusqu’ici une question à éclipses, marquée déjà par quelques faux départs et, pour avoir cru prématurément à un développement trop rapide de la région, plus d’une affaire y a déjà sombré. Voici cependant quelques réflexions très simples qui plaident en faveur de ce pays. Il existe là un ensemble de terrains houillers dont l’étendue visible, dans les deux provinces des Asturies et de Léon, dépasse 500 000 hectares et dont le prolongement caché doit être considérable : un bassin à couches marines comme celles du bassin houiller franco-belge ; ce qui, pour un technicien, implique une certaine régularité de dépôt, des chances de continuité dans les couches. Or, ce bassin, qui, dans son état actuel, fournit à lui seul les deux tiers de la production espagnole et dont le cubage officiel, d’après le directeur de l’Institut géologique espagnol, dépasserait 3 milliards de tonnes de houille, n’a été, jusqu’ici, l’objet que de travaux absolument superficiels, ne constituant en aucune façon une exploration sérieuse ; malgré les recherches théoriques de géologues éminens, espagnols ou français, il est, à vrai dire, pratiquement presque inconnu.

Cela ne démontre pas qu’il soit riche ; mais cela implique des possibilités dont l’économiste doit tenir compte. La question de sa mise en valeur est mûre et les prix exorbitans, auxquels la guerre a porté le charbon en Espagne, auront contribué à en accélérer la solution. La production de 1916 a marqué un accroissement notable et l’Association des mines asturiennes s’est résolue à employer une grande partie de bénéfices exceptionnels