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l’essor simultané dans les autres pays : 4,4 millions de tonnes en 1915 contre 3,2 en 1905 et 1,8 en 1895. Y a-t-il là disette définitive et irrémédiable, ou simplement provisoire, c’est le problème capital dont dépend en grande partie l’avenir industriel de l’Espagne et qu’il convient d’examiner dès le début. Car la solution actuelle, qui consiste à acheter annuellement 3 millions de tonnes de combustibles étrangers, ne saurait être, malgré les facilités d’importation offertes par les côtes espagnoles, qu’un moyen accessoire. Avec le développement futur de toutes les industries européennes et la concurrence croissante des pays entre eux, chacun éprouvera de plus en plus durement la nécessité de subvenir à ses propres besoins. J’ajoute aussitôt que la question nous touche aussi très vivement. La situation géographique des principaux charbonnages espagnols et le manque de débouchés intérieurs que cette situation entraînera longtemps encore, permettraient, si la production houillère espagnole se développait, de l’envisager momentanément comme un appoint très intéressant dans nos régions méridionales de France.

On connaît et l’on exploite, dès à présent, en Espagne, deux zones de charbon principales : celle des Asturies et de Léon et celle de la Sierra Morena (Peñarroya-Belmez-Puertollano), auxquelles s’ajoutent quelques bassins accessoires, ou des lignites, comme ceux de Teruel (dont le cubage a été estimé à 650 millions de tonnes). En 1913, sur 4 millions de tonnes extraites en Espagne, le groupe Asturien en a produit 2,7 millions (près de 3 millions en 1915 sur 4,4 millions) et le groupe de la Sierra Morena 750 000 tonnes. Peut-on découvrir de grands bassins nouveaux ? Peut-on développer davantage ceux qui existent ?...

Dans toute découverte de houille, il y a deux stades, plus distincts qu’on ne le croit généralement : il faut d’abord rencontrer ces terrains d’âge carbonifère qui, en Europe, contiennent généralement les combustibles ; il faut ensuite, dans ce carbonifère productif, reconnaître des couches de charbon utilisables. En ce qui concerne les découvertes de larges zones carbonifères nouvelles pouvant devenir fructueuses, il est prudent de ne pas trop compter sur l’avenir. En Espagne comme dans la plupart des pays européens, la carte géologique est maintenant établie, au moins d’une façon très approximative.