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élémens chimiques et des calories indéfiniment renouvelés ; facilités de communication intérieures ou extérieures permettant la pénétration utile ou le transit fructueux des produits étrangers, l’exportation féconde des produits nationaux ; enfin capital argent et capital humain.

Pour l’ensemble des matières minérales, l’Espagne est, dans l’ensemble, merveilleusement douée. C’est, on peut le dire, le pays d’Europe le plus riche en métaux, celui qui soutient le mieux la comparaison avec les régions productrices du Nouveau Monde. Cependant, cette affirmation qu’aucun mineur, je crois, ne contredira et qui fut classique dès l’antiquité, ne semble pas conforme aux calculs des statisticiens. Pour ne prendre qu’un chiffre global, la production minière de l’Espagne en 1913 est estimée à 572 millions de francs, tandis que celle de la France, par exemple, dépasse officiellement 800 millions sur le carreau des mines. Cette contradiction apparente tient, en partie, à ce que les gisemens espagnols ne sont pas complètement mis en valeur ; mais elle résulte surtout de ce que l’Espagne, abondante en plomb argentifère, en cuivre, en zinc, en mercure, en petits métaux divers, en pyrites sulfureuses, voire autrefois en or et peut-être demain en platine, se montre, au contraire, pauvre en combustibles minéraux : c’est-à-dire qu’elle parait manquer de cette richesse minière primordiale, en regard de laquelle les autres ne sont qu’accessoires et ne peuvent même pas être totalement utilisées. Je n’ai pas besoin de revenir sur cette importance de la houille dans notre forme de civilisation moderne, ayant traité le sujet ici même. Or, dans le tableau de la production houillère européenne, l’Espagne vient loin en arrière, et ses 4 millions et demi de tonnes font piètre figure, je ne dis pas seulement à côté des 260 millions que produisent la Grande-Bretagne ou l’Allemagne, mais même en regard des 42 millions de tonnes attribuées à l’Autriche, des 41 millions que fournit la France, des 27 millions extraits en Russie ou des 23 millions sortis de terre en Belgique. Il lui faut importer près de la moitié de sa consommation (au moins 3 millions de tonnes). La houille espagnole représente 76 millions de francs d’extraction annuelle (lignite et anthracite compris) contre 639 millions pour la houille française. On doit ajouter, ce qui est plus grave, que la production augmente ici avec une lenteur relative que fait encore ressortir la rapidité de