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très généralement réjoui de la transformation qui s’opère au delà des monts. Mais on doit la vérité surtout à ses amis. Il pourra donc arriver incidemment que je ne paraisse pas trouver tout parfait en Espagne ; je ne crois pas non plus tout parfait en France. Devrai-je alors garder le silence ? Ce n’est pas par des congratulations réciproques que l’on progresse. Il vaut mieux, ce me semble, mettre le doigt là où il reste un effort à faire, un défaut à déraciner, alors qu’il ne s’agit pas de problèmes intérieurs où les amis les mieux intentionnés n’ont rien à voir. On peut le faire d’autant plus nettement que, presque toujours, les faiblesses des Espagnols sont aussi les nôtres. Nous sommes frères, même en cela. L’Espagne a des ressources matérielles énormes, et sa population possède toutes les qualités nécessaires pour mettre ces ressources en valeur. Elle l’a déjà commencé dans une large mesure. Elle peut plus encore. Il ne sera pas dit, même au delà des Pyrénées, qu’une mauvaise organisation, sur les vices de laquelle nos voisins sont généralement d’accord, une administration de politiciens aux opinions changeantes, empêchent tant d’élémens fructueux de prospérer autant qu’ils le devraient.


LA QUESTION MINIÈRE

Afin de mettre un peu d’ordre dans un sujet très complexe et qui demanderait presque un volume, j’examinerai tour à tour les principales ressources actuelles de l’Espagne et ce qu’elles peuvent comporter d’utile pour la France, en insistant, comme je l’ai dit, sur les moyens de les mieux utiliser. On m’excusera de traiter avec quelques développemens la question minière, dont l’importance est ici de premier ordre, en me bornant à effleurer d’autres parties qui touchent moins particulièrement notre pays. Ce n’est pas un tableau de toute l’industrie espagnole que j’essaye de tracer, et je serai conduit à en retrancher tout ce qui n’a qu’un rôle purement national.

Les ressources d’un pays, envisagées dans un sens très large, peuvent se diviser en plusieurs groupes principaux : matières premières à extraire une fois pour toutes du sol par le travail des mines ; forces hydrauliques susceptibles de remplacer d’une façon plus durable le charbon de terre ; sol cultivable pouvant emprunter à l’air, aux nuages, au soleil, des