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des Chambres de commerce ou des Chambres industrielles, des Ecoles techniques, des laboratoires, et, pour employer un terme très espagnol, du Fomento, de cet échauffement, de cet excitement, de cet encouragement (pour traduire le mot dans son sens littéral), qui embrasse les travaux publics, le commerce et l’agriculture.

Ayant eu l’honneur d’être associé à ce voyage, je me suis trouvé, pour ma part, conduit à visiter, en des villes que je croyais bien connaître, un pays tout différent de celui qui m’avait attiré et ravi, souvent passionné, dans mes excursions antérieures, un peu surpris tout d’abord, je l’avoue, d’aller voir un haut fourneau ou un chantier de mine poudreux quand m’appelaient au voisinage de vieilles demeures armoriées, des statues gothiques ou des retables aux fines sculptures, d’avoir à examiner des alambics non loin du Prado, de visiter des installations de port à Séville ou une fabrique de sucre à Grenade, mais bientôt conquis par tout ce que je découvrais ainsi de vie agissante ou latente, de fermentation féconde, d’ardeur au travail, d’évolution rapide vers l’industrie la plus moderne. Un point de vue nouveau suggère toujours des idées nouvelles, ou incite à coordonner différemment des idées anciennes. Ce sont quelques-unes de ces idées que je voudrais exposer ici, parmi celles qui touchent le plus vivement à nos préoccupations présentes, et en envisageant uniquement les « choses d’Espagne » dans leurs rapports possibles avec notre pays.

Il ne s’agit pas de révéler aux Français, suivant un mot qui nous a été plus d’une fois redit avec amertume, que l’Espagne n’est pas seulement la patrie des castagnettes, des cigarières et des toreros : cette découverte, si elle a jamais été nécessaire, est réalisée depuis longtemps ; mais peut-être, sur quelques points plus précis, est-il certaines observations utiles à répandre, aussi bien d’un côté de la frontière que de l’autre, pour faciliter les rapprochemens économiques. En les énonçant avec franchise et avec des restrictions nécessaires que l’atmosphère trop chaude des banquets ou des réceptions cordiales amène parfois à négliger, je n’ai pas besoin d’ajouter que je parlerai en mon nom tout personnel, plutôt à l’occasion d’une mission récente que comme suite à celle-ci. J’ai regardé l’Espagne avec infiniment de sympathie, une sympathie qui n’est pas celle d’un converti, mais celle d’un Latin incorrigible, et ce Latin s’est