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VIII

A la fin du mois de janvier de cette année, le lendemain même du remarquable discours prononcé par le vicomte Motono devant la Chambre basse sur la politique extérieure de l’Empire, le gouvernement japonais avait dû dissoudre la Chambre des représentans dont la majorité avait fait une opposition irréconciliable au Cabinet. Le motif de cette obstruction était le grief préjudiciel contre le Cabinet de n’avoir pas été formé selon les principes du gouvernement parlementaire, d’être l’élu des « genro » et des clans, de représenter, non la nation, mais la tradition bureaucratique et militaire. A ce grief, articulé par le vicomte Kato, chef du Kensei-kai et de toute la coalition antiministérielle, le maréchal Teraoutsi répondit le 9 février, dans un discours adressé à la réunion des gouverneurs de provinces en rappelant que, d’après la constitution impériale de 1889, les ministres sont responsables, non devant les Chambres, mais devant l’Empereur ; que, d’ailleurs, le Parlement comprend, non-seulement la Chambre des représentans, mais la Chambre des Pairs, que la Chambre basse ne peut donc à elle seule inspirer ou dicter la politique du gouvernement. Il ajoutait que le Cabinet, loin de méconnaître l’importance de la Chambre basse, s’était au contraire attaché à lui exposer ses intentions, ses desseins, et s’était efforcé de rallier ses suffrages, qu’il regrettait de n’avoir pu la convaincre, mais qu’il ne pouvait vraiment renoncer pour elle au devoir d’accomplir la tâche que le souverain lui avait confiée.

Les élections générales pour le renouvellement de la Chambre ainsi dissoute viennent d’avoir lieu, à la date du 20 avril. Elles ont eu pour résultat la défaite de l’opposition, réduite de 230 à 155 voix, et la victoire du Cabinet qui disposera désormais de 216 voix. Non que le Cabinet, qui demeure fidèle à ses origines et à son principe, entende se subordonner à un parti proprement parlementaire, mais, et tout en n’étant responsable que devant l’Empereur, il ne fait pas difficulté d’être soutenu dans la Chambre nouvelle par le parti constitutionnel, (Seiyukai) qu’avait jadis fondé le prince Ito, sur lequel s’étaient, l’un après l’autre, appuyés, non seulement le prince Ito et le marquis Saionji, mais le prince Katsura et l’amiral Yamamoto,