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victoire. Il se félicitait, de plus, de voir fortifier par ce nouvel et puissant lien les accords qui, depuis le 30 novembre 1908, existaient entre les deux gouvernemens pour le maintien du statu quo, de l’équilibre et de la paix dans le bassin du Pacifique et dans l’Asie orientale. Il saisissait enfin cette occasion de repousser du pied les perfides et niaises manœuvres par lesquelles le gouvernement allemand avait cru pouvoir l’entraîner avec le Mexique dans une action hostile et traîtresse contre les Etats-Unis. L’accession des Etats-Unis à la bonne cause fut célébrée à Tokyo avec autant d’enthousiasme et de foi que dans toutes les autres capitales des Alliés.

Parmi les Puissances neutres, ce fut la Chine qui, la première, entendit et suivit l’appel des Etats-Unis. Le Cabinet de Pékin adressa sans retard au Cabinet de Washington une réponse par laquelle il faisait connaître dans les termes les plus éloquens son adhésion sans réserve à la communication qui lui avait été transmise. Le ministre Wou ting fang envoyait en même temps au gouvernement allemand une Note de protestation aussi ferme que digne, se terminant par la déclaration que, s’il n’y était pas fait droit, le gouvernement chinois se verrait obligé de rompre ses relations avec la chancellerie de Berlin, La Chine, élevée dans les maximes de Confucius sur l’identité entre la morale des Etats et la morale privée, et qui, depuis son adoption du régime républicain, se sentait plus rapprochée encore du gouvernement des Etats-Unis auquel la liaient déjà d’anciennes sympathies, avait compris que la Note du président Wilson lui traçait son devoir et lui donnait l’occasion de rectifier l’attitude obscure trop longtemps observée par le président Yuan che kai dans la grande crise qu’avait ouverte la guerre de 1914. En se plaçant sous l’égide américaine, elle allait du même coup se trouver l’alliée des grandes Puissances d’Occident, toutes prêtes à l’accueillir, et du Japon avec lequel elle désirait, depuis la mort de Yuan, rétablir des relations, non seulement correctes, mais confiantes et cordiales. Jamais chance meilleure ne pourrait se présenter pour elle de réparer les erreurs commises depuis l’année 1900 et de se concilier le durable appui des Puissances dont il lui importait le plus de rechercher et de cultiver l’amitié.

La Chine ne pouvait oublier, d’autre part, tout ce qu’elle avait eu, depuis vingt ans, à souffrir de l’Allemagne qui, après