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dans l’histoire une nation d’un grand cœur et un gouvernement docile au plus sublime idéal, le théâtre déjà si vaste de la guerre allait s’étendre encore dans des proportions inouïes. L’heure était venue où les buts de la guerre, si clairs, si lumineux pour tous les Alliés unis dans la croisade de la liberté contre la tyrannie, allaient, par l’entrée des Etats-Unis dans le conflit et par la révolution russe, revêtir plus de précision encore et de grandeur et confondre dans la défense d’une même cause la liberté des individus comme celle des peuples, les droits de l’humanité comme l’indépendance des Nations. C’est surtout l’accession des États-Unis à la coalition dont les conséquences devaient aussitôt se faire sentir dans toute l’étendue de l’Extrême-Orient et s’y traduire par des sanctions immédiates. La Chine et le Japon avaient fort opportunément, malgré les dernières crises intérieures, recouvré toute la liberté d’esprit et d’action nécessaires pour pouvoir, dans cette phase décisive de la guerre, jouer le rôle qui leur appartenait et contribuer aux mesures d’exécution ou de garantie qui seraient requises contre la Puissance de proie, désormais condamnée par le verdict des Nations et l’inéluctable destin.


VII

Lorsque, le 4 février 1917, le président Wilson prononça sa sentence et fit connaître solennellement ses résolutions, ce fut pour rompre toutes relations avec l’Empire félon qui, une fois de plus, manquait à ses engagemens, et pour ranger les Etats-Unis aux côtés des Alliés qui menaient le combat de la liberté, de la justice, du droit. Le président Wilson, en faisant, dès le même jour, notifier à toutes les Puissances neutres par ses représentans auprès d’elles les résolutions ainsi prises et la rupture consommée avec l’Allemagne, leur faisait exprimer sa conviction que ce serait travailler à la paix du monde si elles pouvaient toutes adopter une ligne de conduite analogue à celle à laquelle il avait dû lui-même s’arrêter.

Le Japon, lui, était déjà, et depuis la première heure, dans la lutte. Il ne pouvait que saluer, comme il le fit, avec une sincère émotion et gratitude, l’acte généreux par lequel les États-Unis entraient, à leur tour, dans le conflit pour soutenir la cause de l’humanité et pour avancer l’heure de la paix par la