Page:Revue des Deux Mondes - 1917 - tome 40.djvu/146

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivrait avec le plus vif intérêt le développement ultérieur du rapprochement économique des deux pays.

Mais le discours était surtout, comme il fallait s’y attendre, un exposé magistral de la politique japonaise dans le grand conflit qui avait ligué contre l’ambition et la barbarie germaniques la plus grande partie du monde civilisé. Il disait la part prise par son pays à cette lutte gigantesque et la ferme résolution du Japon de défendre, non seulement ses intérêts particuliers, mais ceux de ses Alliés et de l’humanité tout entière. Il commentait les réponses faites par les Alliés, y compris le Japon, à la Note allemande du 12 décembre 1916 et à la Note américaine du 21 du même mois, concernant la prétendue proposition de paix des gouvernemens ennemis et les buts de la présente guerre. Une certaine émotion s’était d’abord manifestée à Tokyo lors de la remise par l’ambassadeur des Etats-Unis de la Note allemande. Mais le gouvernement japonais avait aussitôt, comme les autres Alliés, pénétré la vanité et éventé le piège des soi-disant propositions de la duplicité germanique. Il s’était donc pleinement associé à la réponse des Alliés, en marquant cependant, comme l’indiquait le vicomte Motono, que, si cette réponse ne contenait pas toutes les conditions de paix que les Puissances alliées exigeraient, il n’avait pas manqué, quant à lui, de prendre toutes les mesures nécessaires pour la sauvegarde de ses droits sur la disposition future des territoires coloniaux reconquis sur l’Allemagne.

Une grande et légitime place était faite aussi dans ce discours aux relations russo-japonaises et à l’accord du 3 juillet 1916 dont le vicomte Motono avait été lui-même le négociateur et le signataire. « Le Japon et la Russie, ajoutait-il, ont de grands intérêts communs à préserver en Extrême-Orient. L’accord intime des deux nations, de même que notre alliance avec l’Angleterre, constitue une garantie indispensable de la paix dans ces parages. » Il avait dit plus haut de l’alliance avec l’Angleterre qu’elle était la base de la politique extérieure du Japon et que la guerre actuelle avait démontré la solidité infrangible de l’alliance, ainsi que ses indiscutables bienfaits.

Mais l’heure était venue où, par les provocations criminelles de l’Allemagne, et plus encore par l’admirable vigilance et fermeté de la première des Puissances neutres, par l’une des plus hautes et des plus nobles résolutions qu’aient jamais prises