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Russie. Mais il offrait plus de prise encore que le Cabinet Okuma aux objections et à l’opposition fondamentale des partis rangés sous la bannière du combat contre la bureaucratie, les « genro » et les clans. Ces partis venaient précisément de se coaliser et de s’unir, sous la direction du vicomte Kato, en une seule association, le Kensei-kai (Société de la Constitution), disposant de plus de deux cent trente voix à la Chambre des représentans. Là était, pour le nouveau Cabinet, dès son origine, l’obstacle préjudiciel, la cause indéniable du péril. Le maréchal Teraoutsi, toutefois, n’était pas homme à hésiter, surtout lorsqu’il avait conscience de la tâche qui, ne fût-ce que pour une durée limitée, s’imposait à lui. Il combattrait à visage découvert pour le Japon et pour les Alliés, se fiant à sa destinée.


VI

Trois semaines seulement après la constitution du Cabinet Teraoutsi, le gouvernement chinois, régi, depuis la mort de Yuan che kai, par le président Li yuan hong, mais resté sans vice-président, se compléta par l’élection à la vice-présidence, à la date du 30 octobre 1916, du général Feng kouo chang, commandant en chef des troupes chinoises à Nankin. L’élection fut faite par les deux Chambres du Parlement que Yuan che kai avait dissous, et qui, rappelé par le président Li, avait repris session dès le 1er août. Feng kouo chang, malgré l’attitude conservatrice et modérée qu’il avait jusqu’alors observée, s’était trouvé être, sans doute parce qu’il résidait à Nankin, le candidat des républicains du Sud et du parti avancé du Kuo-ming-tang. Il est possible cependant qu’à son élection aient concouru, non seulement les membres du Kuo-ming-tang, mais aussi les membres de partis plus modérés, ayant des sympathies pour sa personne. L’élection a été, d’ailleurs, considérée comme de nature à satisfaire tout ensemble les républicains du Sud et les partis plus conservateurs du Nord. Elle a été suivie, à quelques jours de date, par la désignation et la ratification parlementaire, comme ministre des Affaires étrangères, d’un diplomate de carrière, Wou ting fang, qui, après avoir été longtemps secrétaire du vice-roi Li hung tchang, puis, à plusieurs reprises, ministre de Chine à Washington, avait, à la fin de 1911, représenté le parti républicain aux conférences de Shanghaï où le parti de