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anglais, au pair et à 6 pour 100, remboursables en trois ans. Le but de la combinaison était de faire remettre aux Etats-Unis, par l’intermédiaire du gouvernement japonais, et grâce aux conditions favorables de change entre les États-Unis et le Japon, une somme de dollars équivalente à dix millions de livres. Ces diverses opérations n’ont pas empêché le Trésor japonais d’affecter, sur l’exercice 1917-1918, une somme de 80 millions de yen à un rachat supplémentaire de la dette extérieure et une somme de 100 millions de yen en bons intérieurs aux cinq objets suivants : 1° construction de lignes ferrées au Japon ; 2° remboursement d’avances faites sur les fonds des caisses d’épargne à la comptabilité spéciale des chemins de fer de l’Etat ; 3° exécution de travaux publics en Corée ; 4° conversion des bons du Trésor coréen ; 5° exécution de travaux publics dans l’île de Formose. Ajoutez à cette liste les sommes déjà convenues pour l’augmentation des forces de terre et de mer, dans un budget qui cependant, pour le même exercice 1917-1918, représente un excédent de recettes de plus de 110 millions de yen, et vous vous ferez une idée de l’ère de prospérité économique et financière qu’a ouverte au Japon une guerre dans laquelle il remplit en même temps si loyalement son devoir envers les Alliés.

Malgré ces brillans résultats, dont la plupart lui étaient dus, le comte Okuma, qui, après le couronnement de l’Empereur, avait été élevé au rang de marquis, avait cru pouvoir, à la fin de l’été de 1916, décharger ses épaules d’un fardeau trop lourd et rentrer dans sa retraite de Waseda. Il invoquait à l’appui de sa résolution son grand âge (soixante-dix-huit ans) et les fatigues du pouvoir. Mais sans doute aussi il ne pouvait méconnaître les difficultés que, dans plusieurs sessions, la Chambre des représentans, même celle où depuis les élections générales de mars 1915 il avait la majorité, n’avait cessé de lui opposer. Lui qui avait été pendant toute sa vie le chef des constitutionnels et des parlementaires, qui avait depuis de longues années réclamé la formation de Cabinets de parti, homogènes, s’appuyant sur une majorité, il se rendait compte, par sa propre expérience des deux dernières années, que la constitution même de 1889, les traditions bureaucratiques et militaires, l’influence persistante des « genro, » l’esprit de clans lui faisaient obstacle et ne permettaient pas la réalisation de son idéal politique. Il