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n’en eût interrompu le cours, avec cette différence cependant que les troubles civils avaient fait de nombreuses victimes, que des deux côtés, des chefs notoires avaient disparu, et que, si, dans la dernière phase de la crise, le régime républicain de 1912 avait été restauré ou maintenu, c’est surtout parce que les généraux du Sud et du Centre, comme ceux du Nord, s’étaient prononcés contre Yuan.


V

Ce dénouement, en même temps qu’il laissait sans motifs et apaisait les mouvemens insurrectionnels des provinces et rétablissait l’ordre en Chine, donnait satisfaction au Japon et aux Puissances alliées, dont le principal souci avait été précisément de prévenir toute modification, toute atteinte au statu quo, à l’équilibre, à la paix de l’Asie orientale.

Le gouvernement japonais qui avait, à la fin de 1916, célébré les fêtes du couronnement de l’empereur Yoshi-hito, qui avait reçu en grande pompe à Tokyo, au mois de janvier 1916, le grand-duc Georges Mikhaïlovitch, chargé de porter au mikado les félicitations du Tsar, et qui venait, durant toute cette période, de porter au plus haut degré d’intensité sa contribution militaire, industrielle, économique aux gigantesques efforts des Alliés en Europe, avait cru devoir saisir cette occasion pour marquer par un nouvel acte son intimité croissante avec la Russie. C’est au plus fort de l’offensive russe sur tout le front de Riga au Dniester, et notamment du général Broussiloff sur le front de Bukhovine, que s’étaient engagées à Pétrograd entre le vicomte Motono et M. Sazonoff les négociations qui aboutirent, le 3 juillet 1916, à la conclusion d’un nouvel accord destiné, comme les accords de 1907, 1910, 1912, à associer et unir les intérêts et l’action des deux gouvernemens et des deux pays dans toute la région d’Asie où leurs territoires et leur influence étaient limitrophes.

Par cet accord, qui ne comprenait que deux articles, les deux gouvernemens s’engageaient tout d’abord à n’accéder à aucun arrangement, à aucune combinaison politique qui pourrait être dirigée contre l’un ou l’autre d’entre eux. Ils s’engageaient, en outre, au cas où leurs droits et intérêts spéciaux en Extrême-Orient seraient menacés, à agir de concert en vue de