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été destinée à cet office, et qui devenait la grande artère de communication entre les Etats-Unis, le Japon et la Russie. Alors que les autres issues étaient fermées ou précaires, alors que la route d’Arkhangel et de Kola même était si pleine d’aléa, le rail sibérien amenait régulièrement à Pétrograd, à Moscou, à Kiew, ces transports ininterrompus dont, pendant une si longue période, vécut l’armée russe. Nombre des canons qui, sur le front moscovite, depuis les marais du Pripet jusqu’à Stanislau, Kolomea et Czernowitz, permirent en 1916 la reprise victorieuse de l’offensive russe, venaient directement des arsenaux de Tokyo et d’Osaka.


III

Le gouvernement japonais, après la libération du port de Kiao-tcheou et du territoire de Tsing-tao, considéra qu’il devait, sans plus attendre, déterminer et régler avec le gouvernement chinois les conditions dans lesquelles ces territoires, à la fin de la guerre générale, seraient restitués à la Chine. Une négociation s’imposait. Le gouvernement chinois, que la campagne japonaise avait troublé et inquiété, était tout d’abord aussi peu enclin à accepter cette négociation qu’il l’avait été dix ans auparavant, à la fin de 1905, après la guerre russo-japonaise, à ratifier et homologuer avec les représentans du Mikado celles des clauses du traité de Portsmouth qui concernaient le transfert au Japon des baux, concessions et privilèges que la Russie avait obtenus de la Chine en Mandchourie.

La négociation à laquelle le président Yuan ne se prêtait que d’assez mauvaise grâce ne laissa pas d’être laborieuse. Ouverte le 18 janvier 1915 par la remise au gouvernement chinois d’un Mémoire qui contenait, en cinq groupes, les propositions du gouvernement japonais concernant le Chan-tong, la Mandchourie méridionale et la Mongolie intérieure, et certaines concessions dans d’autres régions de la Chine, elle se poursuivit par la remise, les 12 février, 26 avril, 1er mai, de contre-projets successifs des deux Hautes Parties, et se termina, l’accord n’ayant pu s’établir, par un véritable ultimatum qu’à la date du 7 mai le ministre du Japon, M. Hioki, adressa au ministre chinois des Affaires étrangères, Lou tcheng siang. Cet ultimatum renfermait les conditions finales du gouvernement