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fait remettre aux représentans du gouvernement allemand, à Berlin et à Tokyo, une note par laquelle, afin de sauvegarder les intérêts généraux prévus dans le traité d’alliance anglo-japonais et d’assurer la paix durable de l’Asie orientale, il invitait le gouvernement allemand :

1° A retirer immédiatement des eaux japonaises et chinoises ses bâtimens de guerre et bâtimens armés de tout genre, et à désarmer ceux qui ne pourraient être retirés ;

2° A livrer et remettre aux autorités japonaises, à une date n’excédant pas le 15 septembre, sans condition ni compensation, tout le territoire cédé à bail de Kiao-tcheou, dans le Chan-tong, en vue d’une restitution éventuelle du dit territoire à la Chine.

Cette note étant restée sans réponse, le 23 août, à midi, le gouvernement impérial du Japon fit connaître qu’il se considérait en état de guerre avec l’Allemagne. Une proclamation de l’Empereur commandait à l’armée et à la marine de poursuivre de toutes leurs forces les hostilités contre l’ennemi, et donnait l’ordre à toutes les autorités compétentes de faire, dans l’accomplissement de leur mission respective, tous leurs efforts pour réaliser les aspirations nationales par tous les moyens que permet le droit des gens.

La récupération du territoire de Kiao-tcheou, dont l’Allemagne avait prétendu faire le levier de sa pénétration dans l’Asie orientale et de sa future domination dans la mer Jaune et le bassin du Pacifique, était la première tâche qui s’imposait au Japon. C’était en même temps l’exécution d’un verdict de l’immanente justice et de l’imprescriptible Némésis contre la fourberie et la violence avec lesquelles l’Allemagne, sous prétexte de punir le meurtre de deux de ses missionnaires catholiques, s’était saisie en pleine paix d’un port et d’un territoire qu’elle convoitait et sur lesquels elle avait, après une étude attentive du littoral chinois, jeté son dévolu. Les agens allemands avaient bien songé, au dernier moment, et pour parer un coup mortel, à restituer eux-mêmes à la Chine ce territoire que le Japon leur réclamait par un ultimatum si catégorique. Et la Chine eût peut-être été tentée, par les influences malfaisantes qui s’exerçaient sur le président Yuan, de se laisser entraîner dans cet imbroglio, si le Japon n’avait clairement signifié sa résolution d’accomplir l’acte de revendication et d’expiation qu’il