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L’EXTRÊME-ORIENT
PENDANT LA GUERRE
(1914-1917)

Si, dès la première heure, et avant même que le proche Orient, l’Orient musulman et ottoman ne s’émût, le lointain, l’Extrême-Orient est entré, a eu sa part dans la guerre qui, depuis le 2 août 1914, a éclaté sur le monde, c’est que le Japon, la grande Puissance des pays du Soleil Levant, était depuis douze ans l’allié de l’Angleterre et qu’il a, au premier fracas des armes, avec la fidélité, la loyauté des anciens samurais, uni ses étendards aux nôtres.

Mais il était dans la loi de cette guerre, dans le caractère d’universalité que lui imprimait la gravité croissante des intérêts en jeu, dans la contagion qui, de proche en proche, gagnait tous les continens et toutes les mers, que l’humanité tout entière eût peu à peu l’aperception, la conscience que c’est, non point de telle ou telle nation, de tel ou groupe d’Etats, mais d’elle-même et de sa destinée qu’il s’agissait.

L’objet de cette étude serait, en traçant le rapide tableau de l’Extrême-Orient pendant ces trois dernières années, de montrer comment, après le Japon, notre allié de la veille, notre compagnon du premier jour, la Chine elle-même, à son tour, est venue, à l’appel des Etats-Unis, se ranger à nos côtés, et comment, par la communauté d’action et d’intérêts qui s’est ainsi établie entre les deux grands Etats de l’Asie orientale et les Etats-Unis, tous trois riverains du Pacifique, cette vaste région du monde se trouve aujourd’hui libérée du pavillon, des sujets, du commerce,