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Peut-être, dans les soirs trop tendres,
Le flot d’odeurs glissant des bois,
Peut-être le trouble d’attendre,
Secrètement, l’on ne sait quoi...


PROMENEUSE


Tu marchais sous le ciel nocturne,
A l’heure où perlent les grillons.
Près d’un compagnon taciturne ;
Tu parlais à ce compagnon.

On sentait que son lourd silence
S’emparait amoureusement
De ta plaintive violence
Qui montait vers le firmament.

Disais-tu à l’homme qui t’aime
Tes regrets, tes vœux, ton ennui ?
— Ame solitaire quand même,
Tu te racontais à la nuit !...


LE CIEL GRIS, CE MATIN...


Le ciel gris, ce matin, dénoue
Son frais collier de gai cristal :
La pluie est un soleil qui joue
Avec des rayons de métal.

Le printemps, comme une arche, flotte
Sur les eaux nombreuses, et l’air
Dans ses bonds allègres cahote
Un parfum incisif et vert.

Les branchages, à chaque ondée,
Entendent respirer plus fort
Et se tendre le frais ressort
Des pousses fermes et bondées.