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POÉSIES


DANS CETTE OPPRESSION…


Dans cette oppression qui lentement amène
Le cœur à confesser un amoureux secret,
Dont le désir convient, mais que l’orgueil tairait,
Écoutez-moi, Chimène !

J’ai longtemps redouté les suaves affronts
Qu’inflige au fier esprit une âme consumée,
Et j’affirmais, l’orgueil éclatant sur mon front :
« L’amour, c’est d’être aimée ! »

Je craignais le bonheur par le malheur doublé.
Ce langoureux bonheur dont les femmes expirent.
Et ces cruels désirs qui font se ressembler
La meilleure et la pire !

Plus qu’une autre j’ai vu, fixes ou passagers.
Des yeux voluptueux, battant comme des ailes,
S’efforcer de mêler dans mes graves prunelles
Mon cœur et l’étranger.

Je voyais ces regards pleins de bontés humaines,
Calices débordant de chaude charité.
Et bien que mon exil reconnût son domaine,
Je fuyais ces clartés ;