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de la marine marchande. Comme on dresse, devant les passes difficiles, des phares indicateurs, je me suis efforcé de mettre en pleine lumière les erreurs et les lacunes dont souffre l’armement français et qui, si l’on n’y prend garde, risqueraient de causer sa perte. Les Compagnies de navigation ont pu réaliser, pendant la guerre, des bénéfices éphémères, plus apparens que réels, justement parce qu’elles ont cessé de subir les lois de la concurrence et que les besoins ont dépassé les moyens d’action. La paix signée, nous serons acculés à la même impasse si nous ne corrigeons pas les causes d’infériorité que j’ai signalées. La décadence sera d’autant plus rapide que nous n’aurons plus de navires pour faire face aux nécessités urgentes d’un trafic gigantesque, alors que, de toutes parts, les étrangers se préparent à profiter du réveil économique sans précédent qui ne manquera pas de suivre cette période troublée. C’est pourquoi j’ai dénoncé le danger pressant qui nous menace. Il n’est que temps de prendre les mesures qui s’imposent pour sauver notre marine marchande de la naine. Or le relèvement de cette marine est indispensable au relèvement lui-même du pays et importe essentiellement à son avenir. A quoi nous auront servi les lourds sacrifices que nous avons consentis pour nous assurer la victoire, si c’est pour baisser ensuite, devant les marines marchandes neutres ou même ennemies, notre pavillon sanglant et glorieux ?


J. CHARLES-ROUX,