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N’hésitons pas à le dire, en terminant : les questions que nous avons traitées au cours de cet article et des deux qui l’ont précédé sont des questions vitales pour notre marine marchande.

De toute évidence, le premier point à régler est celui des constructions navales, afin que nous puissions récupérer, tout au moins en partie, les pertes subies par notre flotte de commerce du fait des sous-marins. Le second consiste dans la réorganisation complète de la législation intéressant la police de la navigation. Les textes de loi régissant la composition de ? équipages et le commandement, la discipline et le travail à bord, doivent être profondément remaniés. Nous devons ouvrir largement le pont de nos bâtimens à tous les indigènes de nos possessions coloniales et abolir les mesquines entraves qui s’opposent au choix des capitaines, des officiers et des matelots. Il est de toute nécessité d’édicter un nouveau décret pénal sur la marine marchande pour sauvegarder la discipline sans laquelle aucune entreprise de navigation ne peut prospérer. J’ai signalé que la plupart des dispositions relatives au travail à bord plaçaient nos armateurs dans une position des plus défavorables vis-à-vis des étrangers, qu’il s’agisse du repos hebdomadaire, du règlement des effectifs, ou du traitement de maladie des matelots et de leur rapatriement, obligations qui font généralement double emploi avec celles qui découlent des lois sur les retraites ouvrières ou sur la Caisse de prévoyance contre les accidens de mer. Enfin, il faudra que nous nous occupions de la question si grave des ports et que nous les aménagions de façon à les mettre à la hauteur des nécessités actuelles. Nous n’oublierons pas de gratifier de l’autonomie financière les grandes cités maritimes qui le demanderont et nous leur octroierons le droit de constituer des zones franches. Nous serons heureux d’ouvrir nos côtes librement à nos alliés, mais nous les fermerons aussi radicalement que possible à nos ennemis, afin de ne pas retomber dans l’erreur néfaste que nous avions commise avant la guerre en faisant de quelques-uns de nos ports des succursales de Hambourg ou de Brème.

La question de la marine marchande est à reprendre ab ovo. Pour élaborer la charte qui lui conviendrait et pour en maintenir