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ainsi la voie à suivre. En généralisant l’institution des licences de capitaine-pilote dans nos ports au profit des officiers naviuant sur nos lignes régulières, nous obtiendrions un dégrèvement sensible dans les frais généraux des entreprises d’armement françaises.

Il faudrait en outre régler le sort des navires n’ayant pas pu se procurer de capitaines-pilotes. En ce qui les concerne, le système que nous préconisons permettrait des réductions dans l’effectif des pilotes, proportionnelles à l’importance des entrées ou sorties des navires opérées sans leur concours. Il serait donc possible d’abaisser le taux des perceptions dans les stations où il est abusif. Avec quelques réductions dans les autres ports où les gains des pilotes atteignent jusqu’à 7 000 francs, et dans ceux dont l’effectif est exagéré, on diminuerait aisément le total des taxes de pilotage de 2 500 000 francs, soit du tiers de leur montant actuel. Le distingué conseiller d’Etat, M. Colson estime que ce montant représente de 0 fr. 25 à 0 fr. 30 par tonneau de jauge nette sur les navires soumis au pilotage ; la réduction atteindrait donc de 8 à 10 centimes, ce qui, réparti sur tout l’armement français, mérite considération.

En définitive, le régime du pilotage, encore réglé par un décret de 1807, ne se prête plus aux conditions de la navigation moderne. Il nuit à l’armement national : il faut donc y apporter les modifications voulues pour libérer nos armateurs sans tuer une institution nécessaire et sans traiter défavorablement une corporation de travailleurs très méritante. Alors, quelle raison nous empêche de résoudre comme il convient cette question qui a pour notre marine marchande une importance beaucoup plus grande qu’on ne le croit généralement ? On a prétendu qu’il existe une différence profonde entre les ports à marée et ceux qui n’y sont pas soumis, surtout pour les ports situés aux embouchures des fleuves ou dans leurs estuaires, que, par conséquent, ce qui est possible pour Marseille, ne l’est pas pour le Havre, Saint-Nazaire, et, à plus forte raison, pour Bordeaux. Nous ne croyons pas cette objection fondée parce que les passes de nos ports sont surveillées, non point par les pilotes, mais par le service des Ponts et chaussées, et que les commandans de nos navires entrent dans leurs ports d’attache et en sortent assez souvent au cours d’une année pour en connaître tous les mystères et n’être exposés à aucune surprise. Il en est