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qu’il y a pour eux à apporter dans leurs ports principaux des améliorations conformes aux conditions de la navigation moderne. »

Notre gouvernement, qui, jusqu’ici, a fermé l’oreille aux suggestions pressantes des Chambres de commerce et des armateurs français, écoutera peut-être la voix de ses Alliés l’invitant à une meilleure compréhension de ses intérêts et le conviant à purger nos ports des hôtes indésirables qui les ont exploités jusqu’ici.


LA RÉFORME DU PILOTAGE

Il nous reste à nous occuper des pilotes, qui sont les intermédiaires entre le navire et le port.

En France, le pilotage est obligatoire pour les navires, et le monopole en est réservé aux pilotes brevetés par l’Administration. Les prix perçus pour la conduite des navires résultent, dans chaque cas, de tarifs fixés par des règlemens d’administration publique, et dont il n’est pas permis de s’écarter. Ainsi, le pilotage est un impôt. L’armateur ne peut, sauf exception, pas plus s’y soustraire qu’à la cote personnelle et mobilière ou aux patentes. Et cet impôt doit être acquitté, même si le service qu’il représente n’a pas été exécuté.

Les recettes du pilotage ont subi une augmentation très sensible. En 1886, elles se montaient à 4 300 000 francs ; en 1907, elles s’élevaient à 7 millions et demi. Pendant cet intervalle, l’effectif des pilotes n’a cependant pas beaucoup varié. On voit dans quelle proportion leur rémunération globale s’est accrue. Mais ce qu’il y a de plus caractéristique, c’est que les recettes sont très inégalement réparties. Pour 47 stations, le salaire moyen annuel des pilotes n’atteindrait pas 1 000 francs et, parmi elles, il en est plusieurs où il serait inférieur à 100 francs. « Dans l’ensemble de ces 47 stations, nous dit M. Colson, pour 141 pilotes la recette brute est d’environ 90 000 francs et la recette nette n’atteint pas 60 000 francs. Les pilotes ne peuvent vivre qu’en se livrant à la pêche, qui est leur principale ressource. » Ce sont donc les pilotes de quelques ports qui accaparent la majeure partie du produit des taxes. On compte, en effet, 31 stations où le salaire moyen des pilotes est compris entre 3 000 et 5 000 francs et 8 autres où il s’élève de 5 000 à