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depuis le début de la guerre, n’a cessé de s’élever par rapport au mark. Les ouvriers et employés hollandais, de plus en plus nombreux à bord des bâtimens et dans les bureaux des armateurs, exigent le paiement de leur salaire en florins. Le personnel des bateaux, dès que ceux-ci naviguent dans les eaux bataves, demande aussi le règlement de ce qui lui est dû, en florins. Il résulte de ces diverses circonstances une offre constante et, par suite, une dépréciation de plus en plus profonde de la monnaie allemande par rapport à la monnaie hollandaise.

Cet avilissement persistant est un grave sujet de préoccupation pour nos ennemis, bien qu’ils affectent de considérer le phénomène comme peu important. Le professeur Weyermann (de Berne), en essayant d’en rechercher les causes, nous a fait des révélations sur l’étrange manque de confiance de certains Allemands dans l’avenir de la monnaie nationale ; ces bons patriotes ont transporté à l’étranger, particulièrement en Suisse, des sommes importantes, de façon à ne pas subir, sur cette portion de leur fortune, l’effet d’une baisse ultérieure du mark. D’autres ont voulu soustraire au fisc des bénéfices de guerre elles ont placés en diamans, en perles qu’ils ont déposés en lieu sûr chez leurs correspondans. Nous retenons l’aveu. M. Weyermann réclame une action plus énergique de la commission des charges (Devisen Centrale), instituée à Berlin. Il considère que celle qui fonctionne aux bords du Danube a exercé une action plus efficace. Depuis l’ordonnance de décembre 1916, qui a réglé à nouveau la question des paiemens à l’étranger, il semble que les changes soient soumis, sur la place de Vienne, à des fluctuations moins violentes qu’auparavant. Mais ici s’est produit un incident assez piquant. Les Autrichiens créanciers de l’Allemagne doivent mettre à la disposition de leur commission nationale du change les marks qu’ils ont à Berlin. Or, le règlement allemand défend aux débiteurs nationaux de payer leurs créanciers étrangers en marks ! Les Viennois se plaignent également de ne pas pouvoir réaliser à Berlin leurs valeurs allemandes ; ils font observer qu’il serait cependant de l’intérêt de leur allié de laisser la monnaie autrichienne remonter quelque peu. Comme elle subit une perte encore plus forte que le mark, celui-ci fait prime par rapport à la couronne. Il conviendrait, au dire des Autrichiens, que les défenses d’importation édictées en Allemagne se ralentissent vis-à-vis des produits