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Si l’on tient compte de l’ensemble des engagemens de la Reichsbank, circulai ion et dépôts, on trouve que la proportion de l’encaisse métallique par rapport à ce total a été en décroissance rapide. De 36 pour 100 au 30 juillet 1914, elle est tombée à 20 pour 100 au 31 décembre 1916 ; elle est de 15 pour 100, si on ajoute les Bons des Caisses de prêt au passif à prendre en considération. A cette même date, la proportion était de 27 pour 100 à la Banque de France. L’effet de l’inflation n’a pas tardé à se faire sentir sur le change allemand.

On sait l’importance qu’a prise, au cours de la présente guerre, cette question du change entre les divers pays, belligérans et neutres. Parmi ceux qui ont été le plus maltraités sous ce rapport figurent en première ligne l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie. Depuis le début, l’unité monétaire germanique n’a pas cessé de baisser. Dès le mois d’avril 1915, le mark était en perte de 14 pour 1,00 sur le pair à New-York ; par degrés, il y est descendu jusqu’à 30 pour 100 de perte, cours coté au mois de décembre 1916. Une chute parallèle a été enregistrée aux bourses de Genève, d’Amsterdam, des royaumes Scandinaves. Celle de la couronne autrichienne a été bien plus profonde encore : celle-ci, dont la valeur au pair est d’un franc cinq centimes, est tombée au-dessous de 50 centimes, c’est-à-dire qu’elle est dépréciée de plus de moitié. La situation de l’Autriche-Hongrie est plus mauvaise encore que celle de son impériale et impérieuse alliée. Celle-ci, du moins, a réussi jusqu’ici à conserver une façade financière qui peut faire illusion sur sa détresse réelle ; mais à Vienne, on n’a pas su « plastronner » comme à Berlin. Dès le premier jour, le gouvernement a interdit à la Banque d’Autriche-Hongrie de publier aucun bilan, et, depuis lors, personne n’a connu les comptes de cet établissement qui inonde la monarchie de son papier, dont le total reste un mystère.

La baisse du mark a eu des conséquences inattendues. Certaines industries en ont ressenti d’une façon particulièrement curieuse les conséquences. Les services de la navigation rhénane aboutissent pour la plupart en Hollande, où se trouvent, depuis longtemps, les chantiers qui construisent les navires, les compagnies qui les assurent, les banques qui font des avances hypothécaires aux armateurs. Toutes les opérations se règlent en florins hollandais, c’est-à-dire dans une monnaie qui,