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façon inexorable la baisse ininterrompue, depuis août 1914, du mark sur les places étrangères. Le gouvernement a beau multiplier les déclarations pour expliquer que cette baisse est due à la suppression des exportations allemandes, personne ne se laisse prendre à ce paradoxe, puisque les importations sont ralenties dans la même proportion que les exportations et que, si les Allemands sont privés des milliards qu’en temps ordinaire ils recevaient de l’étranger pour prix des marchandises qu’ils leur expédiaient, ils n’ont presque rien, en revanche, à payer en dehors de leurs frontières. C’est avant tout à la méfiance qu’inspire la signature de l’Empire qu’est due la chute du mark. En Suisse, par exemple, il est coté à 75 centimes, alors que le pair est de 1 fr. 23 ; il perd donc presque les deux cinquièmes de sa valeur.

Le gouvernement impérial, conscient du danger, cherche à diminuer la circulation de ses billets. En Belgique et en Pologne, occupées par ses armées, il s’est efforcé d’organiser une circulation indigène qui lui permet de faire rentrer en Allemagne les billets libellés en marks. On sait par quelles mesures arbitraires l’autorité allemande a arraché à la Banque nationale de Belgique et à la Société générale belge, investie par lui depuis le 22 décembre 1914 du droit d’émission, les 400 millions de billets de la Reichsbank et de Bons de caisses de prêt allemands qui étaient entre les mains de ces deux établissemens à Bruxelles.

Les ordonnances militaires ayant établi l’équivalence du mark à 1 fr. 25 centimes, c’est-à-dire ayant prétendu donner à la monnaie allemande une valeur supérieure d’à peu près 50 pour 100 à celle que lui assignent les cotes des pays neutres, l’effet classique s’est produit : la population s’est empressée de se débarrasser de tous les billets allemands en conservant ceux qui étaient libellés en francs.

En Pologne, les envahisseurs ont d’abord voulu déprécier le rouble, en lui assignant une valeur beaucoup trop faible par rapport au mark. Mais ils ont échoué. Le rouble n’a cessé de monter. Au mois de janvier 1917, il s’échangeait à Varsovie contre 2 marks 70, somme Supérieure à sa parité métallique, qui n’est que de 2 marks 17 pfennig. Deux établissemens ont été fondés. La Caisse de Kovno est une succursale de la Banque pour le commerce et l’industrie de Posen. Elle est autorisée à émettre des Bons pour 100 millions de roubles, garantis par