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à faire coïncider la baisse du taux de l’intérêt avec un relèvement du prix de remboursement. Les derniers bons 3 et demi ne peuvent être remboursés avant 1967 ; et ils le seront alors au taux de 110, 115 ou 120, suivant qu’il subsistera des bonâ 4 et demi, 4 ou 3 et demi pour 100. C’est un véritable emprunt à primes. Les titres des emprunts antérieurs peuvent être convertis en Bons du Trésor de la nouvelle émission, mais à condition que leurs possesseurs souscrivent en argent au moins la moitié du capital qu’ils demandent à convertir.

Le fait que le gouvernement a dû avoir recours à une forme d’emprunt aussi nouvelle et consentir une prime de remboursement aussi élevée semble indiquer qu’il craignait de ne plus trouver de souscripteurs en nombre suffisant. Il paie, par ces diverses primes qu’il promet, un taux d’intérêt bien supérieur au taux apparent de 4 et demi qui représente un rendement de 4,59 au prix d’émission de 98, mais qui s’élève à 6 et demi pour 100 pour le porteur dont le bon serait remboursée à 110 au bout de 5 ans et à un taux bien supérieur pour celui qui serait remboursé avant ce délai.

Pour échauffer le zèle des souscripteurs, les journaux publient des graphiques indiquant qu’à ce jour l’Allemagne et ses alliés n’ont dépensé que 102 milliards de marks pour la guerre, tandis que ses adversaires en ont dépensé 210. La charge par tête serait de 928 marks en Allemagne, de 1 359 en France et de 1 608 en Angleterre. D’autres diagrammes prétendent démontrer que l’Allemagne n’a jusqu’ici dépensé que 56 pour 100 de son revenu national en frais de guerre, alors que nous et la Grande-Bretagne en aurions consacré 80 pour 100 au même objet.

On a remarqué que le prospectus du sixième emprunt parlait avec moins de jactance que les précédens de l’indemnité de guerre qui devait assurer le remboursement des rentes émises. Et pourtant M. Heydebrand, le chef du parti conservateur, déclare que, si l’Allemagne ne touche pas une forte rançon, elle sera ruinée. Les journaux publient de longues listes de souscripteurs. Mais on y relève moins de particuliers que lors des précédentes émissions. Cette fois-ci, ce sont surtout des municipalités, des caisses d’épargne, des institutions d’État qui apportent leur contingent. Les caisses de prêt font d’ailleurs toutes les avances qu’on leur demande au taux réduit de 5 un huitième pour 100 qui, à 2 centimes près, est le même que celui du revenu fourni